Avions ravitailleurs : Boeing remporte la mise

  • Copié
avec Bernard Chabert et agences , modifié à
La firme américaine a finalement remporté ce méga-contrat après des années de procédure.

Pas de méga-contrat pour EADS. C'est finalement Boeing qui a remporté jeudi pour la deuxième fois le contrat des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine. La firme américaine a écrasé son concurrent européen Airbus qui était pourtant donné favori après des années de rebondissements politico-juridiques.

Le contrat, qui porte sur 179 appareils, était évalué à près de 22 milliards d'euros. 18 avions devront être livrés d'ici 2017. "Boeing l'emporte haut la main", a noté le secrétaire adjoint à la Défense, William Lynn, comme on lui demandait s'il avait été difficile de trancher entre les deux avionneurs pour ce contrat, l'un des plus disputés de l'histoire de l'aéronautique.

Le secrétaire adjoint à la Défense, William Lynn, a garanti que la compétition avait été juste et qu'aucun camp n'avait été favorisé. L'action Boeing a immédiatement profité de l'annonce et gagnait 3,9% dans les transactions électroniques.

Un appel d'EADS

Faisant remarquer que l'avion de Boeing n'a jamais volé, EADS s'est dit "déçu" et "inquiet" de la décision américaine, sans indiquer s'il comptait faire appel, comme il en a la possibilité. Le perdant de l'appel d'offre déposera probablement une plainte qui pourrait retarder, voire faire échouer, le contrat.

Boeing a affirmé pour sa part être "honoré" par la décision du Pentagone et "prêt" à produire les appareils qui permettront à l'armée de l'Air américaine de continuer à se déployer dans le monde entier. Le contrat est destiné à remplacer la flotte vieillissante des KC-135 qui datent des années 50.

Une procédure émaillée de rebondissements

L'histoire de l'appel d'offres est émaillée de coups de théâtre, notamment d'un scandale de conflit d'intérêts. Le contrat a été annulé à deux reprises, après avoir été attribué une première fois à Boeing en 2003, puis une deuxième en 2008 à Airbus et son allié américain Northrop Grumman.

La bataille entre les deux géants aéronautiques s'est doublée d'une bagarre politique à Washington, entre les sénateurs. La commission de la Défense de la Chambre des représentants a annoncé qu'elle allait organiser une audition pour s'assurer que l'évaluation faite par le Pentagone a bien été "transparente et juste pour chaque concurrent".

Un bien pour un mal ?

"Tout n'est pas encore joué d’un point de vue juridique" explique Bernard Chabert, le consultant aéronautique d'Europe 1, puisque EADS peut encore faire appel. Mais la stratégie du constructeur aéronautique pourrait être de se positionner sur d’autres contrats. L’armée américaine aura bientôt besoin d’avions cargo-militaires de moyenne capacité. Avec son A 400, EADS n’aura pas de concurrent américain et pourra donc devenir un gros client de l’US Army.