Arrêts maladies : des détectives privés traquent les fraudeurs

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Aude Vernuccio avec , modifié à
REPORTAGE E1 - La traque des fraudeurs aux arrêts maladie ne passe pas seulement par les contrôles de la Sécurité sociale, des détectives privés sont également à l'œuvre.

La traque des fraudeurs aux arrêts maladie ne passe pas seulement par les contrôles de la Sécurité sociale. Les entreprises ont, en effet, de plus en plus recours aux détectives privés. Objectif : traquer les employés qui se déclarent en arrêt maladie alors qu'ils ne sont pas malades. Selon les derniers chiffres de la Sécurité sociale, datant de 2013, ces détournements de déclarations d'indemnités journalières représentent près de 19 millions d'euros. Et selon les informations d'Europe 1, en 2014 la fraude aux arrêts maladie s'élève à plus de 2.300 cas, soit une hausse de 18% par rapport à 2013. La Caisse primaire d'assurance maladie justifie cette hausse par un renforcement des contrôles et du dispositif de détection des fraudeurs. Les entreprises, elles désespèrent devant des arrêts maladie prolongés et sont donc prêtent à investir gros pour déceler leurs employés peu scrupuleux.

>> Europe 1 a suivi l'un de ces détectives à Montpellier.

Surveillé par trois détectives. C'est le quatrième jour de planque pour Vincent Di Giano. A l'angle d'une rue, depuis sa voiture, il fixe la porte d'un petit pavillon. Sa main est posée sur le volant, prêt à partir, aidé de deux acolytes, numéro 1, numéro 2 et numéro 3, avec qu'il communique en permanence. "S'il part dans votre sens je vous laisse démarrer, s'il va vers le rond-point, je le prendrai moi", détaille-t-il à ses deux confrères.

"Il se rend au bar". Les trois enquêteurs surveillent Monsieur X, un salarié du bâtiment, en arrêt maladie depuis un an et demi, soupçonné de travailler chez la concurrence. Au bout d'une demi-heure, l'homme sort de chez lui. "Il se rend au bar, ou au café, il n'a pas l'air, pour l'instant, très malade", commente le détective au micro d'Europe 1. Vincent prend alors des photos, note l'heure d'arrivée de Monsieur X, qui plus tard, sort du café et se dirige vers un autre bâtiment. "Il serait en train de se rendre chez son kiné. A mon avis c'est une séance d'une demi-heure ou de trois quart d'heure, donc ce mec est plus que réglo", estime-t-il.

Des accords trouvés à l'amiable. Un salarié "réglo", mais ce n'est pas toujours le cas et les entreprises sont prêtes à mettre le prix fort pour vérifier si leur employé est honnête. "Un dossier d'entreprise, c'est facilement entre 2 et 10.000 euros. Ça passe en frais généraux. En général, il y a des indemnités à récupérer et des sommes importantes", confie le détective privé. Dans son cabinet Afid investigations, il peut recevoir jusqu'à cinq demandes d'enquête par semaine, le plus souvent pour des fraudes, des affaires de concurrence déloyale allant jusqu'au vol de documents.

Vincent est de plus en plus sollicité par les entreprises qui constituent 60% de sa clientèle en termes de chiffre d'affaires. Lorsqu'il y a fraude, l'employeur et le salarié trouvent un accord à l'amiable, sans passer par la justice.

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