Arrêt d'Autolib : "Tous les systèmes d'autopartage sont déficitaires"

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Grégoire Martinez , modifié à
Le service Autolib s'est arrêté mardi soir en région parisienne. Le système de remplacement sera "beaucoup plus souple à exploiter", a expliqué Ludovic Bu Locko, consultant spécialiste des mobilités sur Europe 1.
INTERVIEW

Autolib, c'est bel et bien terminé. Le service d'autopartage parisien, largement déficitaire malgré ses 150.000 abonnés, s'est arrêté mardi soir à 23h59. Le syndicat Autolib, qui gère la délégation de service public avait décidé de rompre son contrat avec le groupe Bolloré, exploitant du service. Ce dernier réclame 250 millions d'euros, que les communes se refusent pour le moment à payer. Pour autant, il ne s'agit pas totalement d'un fiasco, a expliqué sur Europe 1 mercredi matin, Ludovic Bu Locko, consultant spécialiste des mobilités.

Un succès pour Bolloré. "Il faut se rappeler que Bolloré a lancé ce système pour prouver que sa batterie lithium métal polymère fonctionne. De ce point de vue-là il a largement gagné puisqu'il a non seulement montré que c’est le cas, mais depuis il a développé des systèmes de voitures partagées à Lyon, à Bordeaux, à Turin et à Indianapolis, des mini-bus et des bateaux électriques. Du point de vue industriel c'est donc un succès", analyse le spécialiste. "Du point de vue de la délégation de service publique - c'est à dire d'Autolib -, au niveau du nombre d'utilisateurs c'est aussi un succès. Il y avait plus de 150.000 abonnés. Mais d'un point de vue économique c'est un fiasco", pointe Ludovic Bu Locko.

Des systèmes déficitaires. Au-delà d'Autolib, le problème concerne tous les services d'autopartage dans le monde. "Tous les systèmes d'autopartage sont déficitaires", explique le spécialiste des mobilités. "Quand Bolloré disait 'Moi, je vais gagner de l'argent avec', je n'y ai jamais cru. On pouvait anticiper que le service serait déficitaire. Ce qui est surprenant c'est que le syndicat Autolib et le groupe Bolloré aient pu croire que ce serait rentable", poursuit-il. Pour le remplacer, les communes misent sur des systèmes de "free-flotting" avec des voitures en libre-service sans station, que l'on peut déposer où on le souhaite. Renault et PSA se sont notamment positionnés. Mais, comme le service précédent, "les systèmes de free-flotting perdent de l'argent", prévient Ludovic Bu Locko.

Les avantages du "free-flotting". Malgré tout, le système de "free-flotting" a "l'avantage de ne pas avoir à gérer des stations". "Il perd également l'avantage que l'on ne peut pas réserver sa place à l'arrivée, mais c'est un système beaucoup plus souple à exploiter". Quant à savoir si, comme les vélos en libre-service, ces voitures pourraient être dégradées, le consultant se montre optimiste : "sur les vélos, c'est vrai qu'il y a un laisser-aller. Sur les scooters, c'est beaucoup moins vrai parce que les cautions sont plus élevées. On peut supposer que sur les voitures elle sera encore plus élevée. Lorsqu'on regarde l'état des flottes en "free-flotting" dans les pays où le système existe (majoritairement des pays du nord de l'Europe), les voitures sont nettement moins dégradées que ne l'étaient les Autolib".