ArcelorMittal tient tête au gouvernement

Arnaud Montebourg, a déclaré jeudi au Sénat que "l'éventualité d'un contrôle public, même temporaire" du site ArcelorMittal de Florange (Moselle) "doit faire l'objet d'une étude sérieuse"
Arnaud Montebourg, a déclaré jeudi au Sénat que "l'éventualité d'un contrôle public, même temporaire" du site ArcelorMittal de Florange (Moselle) "doit faire l'objet d'une étude sérieuse" © REUTERS
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Sophie Amsili avec et agences , modifié à
Le gouvernement demande à ArcelorMittal à vendre tout le site. Refus de l'intéressé.

Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et ArcelorMittal. A dix jours de la fin du délai pour trouver un repreneur, le gouvernement a demandé vendredi au groupe sidérurgique d'"accepter d'envisager" la cession de l'ensemble du site de Florange, en Moselle. Fin de non-recevoir du géant de l'acier qui souligne dans un communiqué que cela "mettrait en péril la viabilité du reste des activités d'ArcelorMittal en France où le groupe emploie 20.000 salariés."

Le temps presse pour le gouvernement. Il doit trouver un repreneur avant la fin du mois s'il veut éviter la fermeture des hauts-fourneaux qui entraînerait la perte de 629 emplois sur les 2.500 que compte le site. Problème: ArcelorMittal souhaite aujourd'hui vendre la filière liquide du site, c'est-à-dire la production d'acier brut à partir de minerai de fer et de charbon, mais pas la phase à froid. Or, c'est en effet le site entier, "viable, fiable et rentable" selon le rapport de Pascal Faure remis au gouvernement, qui pourrait intéresser d'éventuels repreneurs.

Les deux offres de reprise du site, qu'Arnaud Montebourg a annoncé avoir reçues mercredi, porte ainsi sur un "périmètre plus large" que celui qu'ArcelorMittal veut vendre, probablement sur le site entier. L'identité des deux repreneurs n'a pas été dévoilée, mais certains noms ont circulé dans les médias, notamment le russe Severstal et le français Ascometal. ArcelorMittal a affirmé de son côté n'avoir "pas connaissance" des deux offres.

Montebourg bandeau

ArcelorMittal est "redevable" à l'Etat, juge Montebourg

Le ministre du Redressement productif n'a pas hésité à hausser le ton cette semaine. ArcelorMittal "est redevable aux yeux de l'administration fiscale française d'une dette fiscale que nous considérons comme astronomique", a-il attaqué mercredi. Ce que nie le groupe sidérurgique. "Finalement, le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas la défaillance des hauts fourneaux de Florange, c'est la défaillance de Mittal", a ajouté Arnaud Montebourg.

L’État a déjà obtenu une concession de la part d'ArcelorMittal il y a deux mois : le sidérurgiste accepte de céder également la cokerie, qui permet la cuisson du charbon avant son introduction dans les hauts-fourneaux. Mais il faut plus, selon le gouvernement : "Nous considérons que le moment est venu de demander à Mittal de faire bouger sa position pour qu'enfin nous puissions sauver ensemble l'acier français et son meilleur symbole, les hauts fourneaux de Florange", avait déjà insisté Arnaud Montebourg mercredi.

"On n'est plus dans une époque où on nationalise la sidérurgie". La mise au point du ministre du Travail Michel Sapin vendredi matin est claire : l'Etat ne compte pas prendre le contrôle du site sidérurgique de Florange, en Moselle, qu'ArcelorMittal a prévu de fermer. Le ministre nuance ainsi les propos de son collègue du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a évoqué jeudi devant le Sénat l'éventualité d'un "contrôle public, même temporaire" de Florange.

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Les syndicats prudents

Pris entre deux feux, les syndicats restent prudents : la CGT craint que "le 1er décembre, on ne se retrouve autour d'une table pour discuter d'un plan de sauvegarde de l'emploi". Walter Broccoli, représentant de Force ouvrière, se montre pessimiste : "Monsieur Mittal ne lâchera rien de plus, c'est sûr et certain", prévient-il. Sur le site, les militants CFDT ont tenté jeudi un ultime bras de fer en bloquant la circulation des trains. "L'objectif est de montrer à Mittal qu'il faut vendre le site", explique Edouard Martin, représentant du syndicat. "Pour le moment, il est en train de démontrer qu'il préfère nous voir morts chez lui que vivant chez d'autres. S'il gagne, c'est la mort de Florange."