ENQUÊTE - Devenir millionnaire ou payer ses factures : ces apprentis traders en pincent pour le bitcoin

Pour la plupart des investisseurs, l'argent des cryptomonnaies reste virtuel. Ce qui n'empêche pas beaucoup le stress de voir le cours chuter.
Pour la plupart des investisseurs, l'argent des cryptomonnaies reste virtuel. Ce qui n'empêche pas beaucoup le stress de voir le cours chuter. © GEORGE FREY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Martin Feneau, édité par M.B. , modifié à
ENQUÊTE - La monnaie virtuelle a beau connaître des hauts et des bas, elle attire toujours autant d'investisseurs. Europe 1 est allé interroger plusieurs d'entre eux.

Difficile de ne pas avoir dans son entourage quelqu'un qui a cédé. Une amie, un parent, un collègue... nombreux sont ceux qui ont répondu à l'appel des cryptomonnaies et ont investi dans l'une de ces monnaies virtuelles. La principale, le bitcoin, a vu sa valeur multipliée par vingt l'an dernier. Et même si le cours a largement baissé ces dernières semaines, le marché représente aujourd'hui plus de 400 milliards de dollars. 

Affaires en famille. De quoi faire tourner la tête de cette famille de région parisienne qui, autour de la table du repas, discute régulièrement de ses placements. "J'ai mis 200 euros", explique la mère. "Quand j'ai 150 euros de bénéfice, je récupère mes 150 euros. Le principe, c'est de pouvoir payer ma facture de chaudière l'année prochaine. Et ensuite, j'ai pour objectif la facture de la tondeuse". Sa fille et son compagnon, tous deux salariés dans l'informatique, ont quant à eux acheté 1.600 euros de bitcoins. Mais n'ont pas vraiment le même état d'esprit face à cet investissement. "Il veut être millionnaire, il veut arrêter de travailler", s'amuse la jeune femme. "Mais c'est n'importe quoi. Tu seras toujours dans le rêve d'être millionnaire, mais jamais millionnaire." Et lui de rétorquer : "Au moins, madame, je rêve !"

" Le stress reste constant. On se demande tout le temps si on aura toujours ça demain "

"On se prend un peu pour des traders". Devenir riche, c'est aussi le rêve de Gaetan Guéret, DJ en Normandie. Et ce jeune homme a réussi à convaincre son entourage professionnel, notamment son patron. "Des fois, il m'envoie un message pour me dire qu'il a perdu dix euros", raconte-t-il. "En fait, on se prend un peu pour des traders alors qu'on est loin d'être des traders."

"Le stress reste constant". La richesse est d'autant moins à l'ordre du jour que, pour la plupart des investisseurs, l'argent reste virtuel. C'est le cas de Michel C., 23 ans. Le jeune homme, qui a acheté des bitcoins il y a quatre ans, surveille sont placement tous les jours depuis sa chambre, chez sa mère. Pourtant, aujourd'hui, son investissement lui a rapporté plus d'un million d'euros. "Je ne pensais pas gagner autant", confesse-t-il. "C'est bien plus que je ne le pensais, j'ai encore du mal à digérer. Mais le stress reste constant. On se demande tout le temps si on aura toujours ça demain."

Fiscalité trop lourde. Et s'il ne retire pas ses gains, c'est que le jeune homme pense à la fiscalité en vigueur. S'il convertit ses bitcoins en euros, il devra payer 60 % d'impôts. Lui considère que c'est trop et attend donc que le niveau des taxes évolue, ou qu'il puisse dépenser directement ses bitcoins pour ses achats de tous les jours.

Soutien psychologique. En attendant, le marché est très volatile, fait de hausse et de baisses brutales. Ces dernières semaines par exemple, le bitcoin a perdu jusqu'à 70 % de sa valeur. Difficile à encaisser pour certains. À tel point qu'en Russie, une hotline vient d'être créée pour apporter un service de soutien psychologique aux détenteurs de bitcoins.