Anti-tabac et buralistes unis contre l'UE

Alors qu'il est actuellement interdit de ramener en France plus de cinq cartouches de cigarettes d'un autre pays de l'Union européenne, l'interdiction pourrait bientôt être levée, selon les informations d'Europe 1.
Alors qu'il est actuellement interdit de ramener en France plus de cinq cartouches de cigarettes d'un autre pays de l'Union européenne, l'interdiction pourrait bientôt être levée, selon les informations d'Europe 1. © MAXPPP
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avec Martial You , modifié à
Menacé de sanction, Paris va lever la limitation sur les cigarettes achetées dans d'autres pays de l'UE.

L'INFO. "Bruxelles perd complètement les pédales", a déploré vendredi sur Europe 1 Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes français. L'origine d'une telle grogne ? La probable levée d'interdiction du transport de cigarettes au sein de l'Europe. Alors qu'il est actuellement interdit de ramener en France plus de cinq cartouches de cigarettes d'un autre pays de l'Union européenne, cette interdiction devrait bientôt être levée.

• La raison.Au nom de la libre circulation des biens et des services, la Commission européenne a porté plainte en 2010 contre cette limitation française. Et la Cour européenne de Justice doit rendre sa décision jeudi 14 mars. Conformément au traité de Maastricht imposant le libre échange, elle va très probablement condamner la France et lui imposer des sanctions. Ce qui a déjà, selon les informations d'Europe 1, poussé le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, à annoncer dès jeudi dernier la fin de l'interdiction devant les douaniers.

>> Et pour une fois, buralistes, association de santé, droite et gauche font front commun contre cette décision qui ne semble convenir à personne.

photo paquet cigarette

Les buralistes révoltés. Il s'agit d'un véritable coup de marteau pour les buralistes français. Alors que 21% des cigarettes, selon les douanes, se vendent déjà hors de leur réseau, ils craignent que la levée de l'interdiction leur soit fatale. Suite aux hausses successives des prix des paquets, décidées par l'Etat, leurs ventes ne cessent de chuter : - 5% en 2012 et – 1,3% en 2011. "J'ai beaucoup d'amertume. D'un côté l'Europe veut nous imposer un tas de mesures, comme l'introduction des paquets génériques, et en même temps elle laisse la possibilité à n'importe quel consommateur d'aller acheter ses cigarettes à l'Est, où elles sont 15 fois moins chers, pour les ramener en France", a contesté leur président, Pascal Montredon sur Europe 1. Son association demande ainsi "le gel des prix en France jusqu'à ce que les voisins rehaussent leurs prix".

Interdiction de fumer

Les anti-tabac dépités. "L'Europe n'est pas raisonnable", a également taclé Bertrand Dautzenberg, président de l'office français de prévention du tabagisme, contacté par Europe1.fr. "Nous somme dans une Europe de marché et non dans une Europe des peuples. Le commerce est roi, au dessus des problématiques de santé", déplore le pneumologue. Ce qui révolte les associations, c'est que le droit européen inclut le tabac dans le cadre du libre-échange. "Le tabac n'est pas un produit de consommation comme les autres. Avec le tabac, on achète sa mort", martèle ainsi Bertrand Dautzenberg. Dans l'Union européenne en effet, la circulation des cigarettes est réglementée comme la circulation de n'importe quel bien. Il faut simplement ne pas dépasser le cadre le la "consommation personnelle" précisent les textes. Pour le pneumologue, c'est trop flou. "Il faut instaurer des limites de transports de paquets précises", insiste-t-il, pour une fois d'accord avec les buralistes.

12.01 cigarette tabac arret. 930620

© MAX PPP

Un consensus droite-gauche. Pour Bertrand Dautzenberg, "de la gauche à la droite, des buralistes aux associations de santé, il y a un consensus" en faveur d'une limitation de la circulation des cartouches en provenance de l'étranger. "Mais les lobbys du tabac sont allés taper à la porte de Buxelles, qui a cédé". En 2010, malgré la plainte de Bruxelles, le gouvernement Fillon avait en effet décidé de maintenir l'interdiction. Une politique poursuivie par la nouvelle majorité, jusqu'à l'approche de la décision de la Cour européenne de justice. "Le gouvernement a maintenu la limitation autant qu'il a pu. C'est le droit européen, il n'y a rien à faire", conclut Bertrand Dautzenberg, amer.