Anti-coagulants : attention, prudence

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Alexis Toulon avec AFP
LE CHIFFRE - De 5% à 10% des prescriptions des nouveaux anti-coagulants oraux correspondent à des indications non validées, voire dangereuses.

Lors du traitement de phlébites ou d’embolies pulmonaires, les médecins prescrivent des anti-coagulants afin de fluidifier le sang et éviter la formation de caillots sanguins. Toutefois, une enquête de l’Assurance maladie montre que 5% à 10% des prescriptions  des nouveaux anti-coagulants oraux correspondraient à des indications non validées, voire dangereuses.

Un outil indispensable pour éviter les AVC. L’Agence du médicament, l’ANSM, rappelle pour commencer que les anti-coagulants sauvent de nombreuses vies. L’utilisation de l’ancienne génération, les anti-vitamines K (AVK), nécessitent une surveillance régulière de l’activité coagulante par prélèvement sanguin et un antidote existe en cas de problème. Afin de simplifier la vie des patients, les laboratoires ont développé les nouveaux anticoagulants oraux (NACO) - Pradaxa (dabigatran), Xarelto (rivaroxaban) et Eliquis (apixaban), qui ne nécessitent pas ce suivi.

Attention aux mauvaises prescriptions. Mais si les NACO sont plus simple d’utilisation, ils ne doivent pas être prescrits à des patients avec une insuffisance hépatique ou rénale, patients avec fibrillation auriculaire, souffrant en même temps d'atteintes des valves cardiaques (valvulopathies). A force de fluidifier le sang, il existe un risque : l’hémorragie. Or, entre 5% et 10% des traitements de NACO prescrits sont destinés à ces patients à risques, estiment l’Assurance maladie et l’ANSM. Egalement relevée, la part non négligeable de patients traités par NACO prenant également des médicaments majorant les risques d'hémorragies.

Une tendance à modérer. Les traitements par AVK restent largement majoritaires (au 3e trimestre 2013, plus d'1 million de patients traités, contre 265.000 pour les NACO), mais en moins d'un an près de la moitié des patients débutant un traitement anti-coagulant oral s'est vue prescrire un NACO. Ainsi sur le dernier trimestre 2012, près de 10% de patients débutant un traitement Naco étaient âgés de 80 ans ou plus sans surveillance de leur fonction rénale. Or il y a un risque d'accumulation du produit et donc d'hémorragie quand les reins fonctionnent moins bien avec l'âge.