Ambiance lourde à GM&S dans l'attente des licenciements

© GUILLAUME SOUVANT / AFP
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Martin Feneau, édité par R.D. , modifié à
Alors que la reprise de l'entreprise de La Souterraine par GMD a été validée, 156 emplois doivent désormais être supprimés. Les employés sont dans une angoissante attente. 
REPORTAGE

La justice a validé la reprise de l'équipementier auto GM&S. Elle sera effective lundi, mais les salariés restent mobilisés car, comme prévu, 156 emplois seront bel et bien supprimés sur les 276 actuellement pourvus. L'ambiance est lourde à l'usine de la Souterraine dans la Creuse, où s'est rendu notre envoyé spécial. Les ouvriers ne savent pas encore qui recevra sa lettre de licenciement.

Les salariés discutent ou s'observent. Jeudi, en fin de journée, de petits groupes d'ouvriers se sont formés dans la cour de l'usine, en cercle sous un arbre, assis sur un banc ou appuyés contre un hangar. Certains discutent, d'autres s'observent en silence. L'avocat les rassemble pour leur annoncer que 120 salariés vont pouvoir garder leur emploi : "Si vous n'aviez pas fait les opérations que vous avez faites, il n'y aurait personne de repris !", les félicite-t-il.

"Il y a des gens qui n'ont pas manifesté". Tous, néanmoins, n'ont pas participé aux manifestations et certains craignent qu'on le leur reproche. "Il y a des gens qui n'ont jamais manifesté. Si ces personnes-là restent par rapport à d'autres qui se sont battues et qui seront licenciés… Quand la liste va être donnée, je pense que ça pourrait mal réagir", souffle Martine, une employée, au micro d'Europe 1.

Après une assemblée générale, l'usine se vide peu à peu. "Aujourd'hui, on a tout perdu. Maintenant les déchirures vont se faire", estime pour sa part Denis. "Les rancœurs, il faut les mettre dans sa poche. Ce n'est pas en se mettant des coups de poing sur la gueule que l'on va faire avancer le problème. On en a peut-être envie, mais il faut éviter". Il ajoute : "dans quelques jours, c'est peut-être une lettre de licenciement que je vais recevoir", dit-il, avant de traverser la cour et de passer devant la carcasse d'une machine que lui et ses collègues ont fait brûler au tout début de la mobilisation.