Alstom : la danse nuptiale des prétendants

Alstom : deux mois de tractations.
Alstom : deux mois de tractations. © Sipa
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Damien Brunon , modifié à
ON RECAPITULE - En près de deux mois, General Electric et Siemens ont enchaîné les offres pour obtenir le rachat de la filière Energie de l’entreprise française.

L’INFO. Le feuilleton dure depuis fin mars dernier alors que les intentions de General Electric de racheter Alstom ont été révélées au grand jour. Depuis, cette dernière et sa concurrente Siemens, alliée au Japonais Mitsubishi, se disputent la filière Energie de l’entreprise française à coup d’offres toujours plus alléchantes les unes que les autres. Et alors que les patrons des firmes rencontrent François Hollande vendredi, le conseil d’administration d’Alstom devrait donner sa réponse définitive lundi. L’occasion de revenir sur la surenchère à laquelle se sont livrés les prétendants jusqu’à leur dernières offres respectives rendues publiques jeudi et vendredi.

Acte I : le dévoilement

Tout commence le 24 mars dernier. L’agence spécialisée  Bloomberg annonce que le conglomérat américain General Electric (GE), 6ème capitalisation boursière mondiale, est en discussion avancée pour racheter le groupe français Alstom pour “plus de 13 milliards de dollars” (9,4 milliards d’euros). Si les deux entreprises concernées réfutent dans un premier temps leur prise de contact, elles les confirment rapidement. Finalement, General Electric propose de racheter, non pas tout Alstom, mais uniquement sa filière Energie, pour 12,35 milliards d’euros.

Siemens se lance alors dans la bataille. Surpris par la nouvelle, l’entreprise allemande peine à déposer une offre concrète sur la table. Elle annonce dans un premier temps vouloir elle aussi reprendre la filière Energie du Français contre “une somme en liquide” et la moitié de sa filière Transport. La proposition attire l’oeil des gouvernements français et allemand qui voient en cette proposition l’occasion de créer une grande entreprise européenne spécialisée dans les transports.

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Acte II : convaincre le gouvernement

Le problème, c’est que tout le monde ne voit pas d’un très bon oeil la passation sous pavillon étranger d’un fleuron technologique français. Le gouvernement français s’emploie alors à faire pression sur les concurrents pour les pousser à proposer de meilleures offres, notamment concernant les perspectives d’emploi. L’exécutif, François Hollande, Manuel Valls et Arnaud Montebourg en tête, cherche également à protéger l’indépendance énergétique de la France en adoptant un décret concernant les industries stratégiques à protéger.

Après Alstom, c’est donc le gouvernement qu’il faut convaincre. Pour cela, les deux concurrents choisissent dans un premier temps des stratégies différrentes. Du côté de General Electric, on assure que la reprise des activités Energie permettront de créer 1.000 “emplois industriels” sur le territoire. L’Allemand Siemens revoit quant à lui son offre en ne proposant de reprendre qu’une partie du secteur visé, laissant notamment à l’entreprise française ses fameuses turbines pour centrales nucléaires et ses éoliennes, pour un montant revu à la baisse. Il propose ainsi de ne mettre plus que sept milliards d’euros dans la balance.

Acte III : l’emballement des derniers jours

La bataille prend un nouveau tournant dans la dernière semaine de négociation. Pour appuyer son offre, Siemens annonce lundi son alliance avec l’entreprise japonaise Mitsubishi et propose un montage sophistiqué. Sept milliards d’euros sont toujours sur la table pour une partie de la filière Energie d’Alstom, mais le nouveau duo y ajoute la création de trois co-entreprises afin de renforcer le groupe français. Parallèlement, il promet de maintenir l’emploi en Allemagne et en France pendant trois ans si son offre est acceptée et estime lui aussi à 1.000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés par ce rapprochement.

Qu’à cela ne tienne, General Electric contre attaque dans la journée de jeudi. En plus de ses plus de douze milliards d’euros et de sa promesse d’emplois, le groupe américain accepte de céder à Alstom ses activités de signalisation ferroviaire. Il ajoute lui aussi dans la balance la création de trois co-entreprises et propose que celles-ci aient toutes leur siège social en France.

Dernier épisode en date, dans un dernier souffle et à quelques heures de rencontrer l’exécutif français, Siemens et Mitsubishi valorise encore un peu plus leur offre en ajoutant 1,2 milliards d’euros de plus offre, élevant ainsi la somme à 8,2 milliards d’euros.

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Quel épilogue ?

Le fin mot de l’histoire sera donné lundi alors que le conseil d’administration d’Alstom se retrouvera pour décider quelle offre sera choisie. Si les deux offres semblent se valoir, l’offre de General Electric pourrait être favorisée pour plusieurs raisons. La presse a à plusieurs reprises relevé que son offre semblait avoir les faveurs de la direction d’Alstom. Peu de temps après les révélations de Bloomberg, Patrick Kron, le PDG de l’entreprise française, avait d’ailleurs vanté les mérites d’un rachat par le groupe américain dans un message à ses employés révélé par France Info.

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