Air France : pourquoi cette nouvelle grève ?

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
  • Copié
avec Emmanuel Duteil , modifié à
TRANSPORT - Le trafic de la compagnie aérienne devrait être perturbé par un mouvement de grève entre le 27 juillet et le 2 août.

Une nouvelle fois, les clients d’Air France sont pris d’un doute : leur avion décollera-t-il en temps et en heure ? La compagnie aérienne va en effet voir son trafic perturbé entre le 27 juillet et le 2 août à cause d’un mouvement de grève. Mais pourquoi Air France est-il à nouveau la cible d’un mouvement social ? Zoom sur une grève organisée non pas par les pilotes de lignes mais par les hôtesses et stewards, signe d’un dialogue social en panne.

Les raisons de la grève. Pris en tenaille entre les compagnies low-cost d’une part et les compagnies du Golfe de l’autre, Air France perd du terrain et tente de se réinventer. La compagnie aérienne cherche depuis plusieurs années à regagner en compétitivité en renégociant avec ses employés son accord d’entreprise, qui fixe les règles de travail, de rémunérations et d’avancement.

La direction veut réduire les équipages sur certains vols (3% des vols moyen-courrier) et promet en échange "la stabilité des plannings" et davantage de congés, tandis que les syndicats réclament une revalorisation salariale et la fin des réductions d’effectif. Ces négociations sont bien évidemment tendues, les représentants des salariés estimant que l’entreprise se contente de "mesurettes, sans aucune annonce concrète ni garanties". Mais au-delà de ces détails, un point cristallise le mécontentement : la durée de l’accord. Si les syndicats sont d’accord pour revoir ces règles internes, ils demandent en revanche un minimum de stabilité : en clair, qu’Air France continue à conclure des accords pour une durée de trois à cinq ans, comme c’est le cas aujourd’hui, et non pour 17 mois comme le souhaite Air France.

Que répond la direction d’Air France ? La compagnie aérienne n’a renoué avec les bénéfices qu’en 2015, après six années de pertes. Si l’entreprise se porte mieux, son avenir n’est pas pour autant assuré, si bien que la direction estime ne pas pouvoir s’engager pour plusieurs années. En clair, Air France veut revoir les conditions de travail plus fréquemment afin de mieux s’adapter à la réalité du moment. D’où son souhait de signer pour 17 mois et non trois ou cinq ans afin de "garder une certaine souplesse", comme l’a reconnu le PDG d’Air France .

Outre cette question de fond, Frédéric Gagey a également dénoncé le moment choisi pour faire grève, le chassé-croisé de l’été correspondant à son pic d’activité. "On ne se met pas en grève dans une telle période, au risque de compromettre le redressement d'Air France", a-t-il souligné dimanche.

Attention, il y a grève et grève. Vu de l’extérieur, les conflits sociaux se suivent et se ressemblent chez Air France depuis septembre 2014. Le mouvement de grève de l’été 2016 est cependant différent des précédents : il ne concerne que les personnels navigants commerciaux (PNC), c’est-à-dire les hôtesses et stewards, et non les pilotes de ligne. Or, à la différence de ces derniers, les PNC ont consenti d’importants efforts depuis plusieurs années, notamment dans le cadre du plan Transform 2015.  

La nécessité de refonder le dialogue social. S’il est logique que les négociations avec les pilotes de ligne soient compliquées, ces derniers ayant pris l’habitude de co-diriger l’entreprise, les discussions avec les PNC sont habituellement plus apaisées. La fronde de cette partie du personnel montre donc que le dialogue social est en panne chez Air France. Syndicats et direction ne cessent d’ailleurs d’évoquer le sujet : le syndicat Unsa accuse la direction d’un "manque de volonté total à négocier", ce à quoi Frédéric Gagey a répondu qu’il faillait "revenir au dialogue". Outre l’impérieuse nécessité de redresser les comptes de la compagnie aérienne, le nouveau PDG va aussi devoir la pacifier.

LES INFORMATIONS PRATIQUES

Les dates. Le mouvement doit débuter le mercredi 27 juillet et durer jusqu’au mardi 2 août. Dans certains cas, les perturbations peuvent débuter dès la veille.

L’impact sur le trafic. Air France a estimé mardi que le mouvement de grève sera suivi par 37% des personnels navigants commerciaux (PNC). La compagnie aérienne ne pourra donc pas maintenir tous les vols prévus. Elle prévoit d'assurer 87% de ses vols mercredi mais les perturbations sont très variables selon la nature du vol : 

- Vols intérieurs : 90% des vols assurés
- Moyen-courriers : 80% des vols assurés
- Long-courriers : 92% des vols assurés

Les vols concernés. Air France s’organise pour assurer tous ses vols long-courriers,  si bien que les "courts et moyens-courriers risquent d'être les plus impactés", a prévenu dimanche le PDG de la compagnie. Le moyen-courrier inclut les vols européens, ainsi que ceux opérés depuis et vers l'Afrique du Nord (Algérie, Maroc et Tunisie) ou Israël, ainsi que quelques vols locaux en Asie et Afrique.

Les compagnies concernées. Le mouvement de grève concerne Air France mais ne devrait pas impacter ses filiales (Transavia et HOP !) ni ses partenaires (KLM, Delta).