Air France : le sort de la nouvelle compagnie, "Boost", entre les mains des pilotes lundi

Avec le projet de filiale "Boost" (nom de code), Air France espère reprendre ses lignes moyen et long-courrier très déficitaires
Avec le projet de filiale "Boost" (nom de code), Air France espère reprendre ses lignes moyen et long-courrier très déficitaires © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Les pilotes du syndicat majoritaire se dirigeraient vers un "oui" au projet, mais avec une version du texte amendée pour garantir notamment le versement de certaines pénalités aux pilotes.

Boost, le projet de filiale moyen et long-courrier à coûts réduits d'Air France, pourra-t-il bientôt décoller ? La réponse est entre les mains des pilotes du SNPL, syndicat majoritaire, qui se prononcent lundi sur la création de cette nouvelle compagnie.

L'objectif, relancer les lignes très déficitaires. Les adhérents du SNPL (65% des voix pilotes) ont jusqu'à 10 heures pour donner - ou non - leur feu vert à un projet d'accord social rendant possible "Trust Together" (la confiance ensemble), le plan stratégique présenté début novembre par le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac. L'un des piliers de ce plan s'appelle "Boost" (nom de code), un projet de filiale reprenant les lignes moyen et long-courrier très déficitaires d'Air France.

Les résultats du vote seront connus en "milieu de matinée", mais dimanche à la mi-journée, le taux de participation atteignait déjà "80%", selon Philippe Evain, le président du SNPL-Air France. L'objectif de la nouvelle compagnie est de permettre au groupe tricolore de se relancer face à la concurrence de plus en plus vive des low-cost et des compagnies du Golfe, le plan stratégique dans son ensemble comprenant également des mesures de compétitivité.

Vers un "oui" à un texte amendé par le syndicat. Mais l'assentiment des pilotes consultés par le SNPL est indispensable pour que la direction d'Air France puisse réaliser la nouvelle compagnie en interne. Et la voir s'envoler dès le début de la saison hivernale avec six avions moyen-courriers vers quatre destinations.

Trois options s'offrent à eux : dire "oui" au projet d'accord de la direction, "oui" à un texte amendé par le SNPL, ou "non" aux deux. Le bureau du SNPL a fait campagne pour la deuxième option, persuadé que la direction ne pourrait pas refuser "ses dernières revendications".

Des pénalités parmi les points de blocage. La direction a établi une "trajectoire" chiffrée permettant à Air France de rattraper partiellement d'ici à 2026 les parts d'activité perdues sur long-courrier ces dernières années au profit de sa consoeur néerlandaise. Problème, elle propose d'arrêter les pénalités versées aux pilotes en cas de non-respect des engagements pour l'équilibre de production entre Air France et KLM "en 2022", explique Philippe Evain. Le SNPL veut maintenir ces "garanties" sur toute la période. Autre point de divergence, la suppression de toilettes réservées aux personnels dans les futurs A350 pour installer plus de sièges.

D'âpres négociations. Une victoire du "non" ne signerait pas la mort du projet, la future compagnie pouvant être rattachée au groupe Air France-KLM. Mais le respect des procédures (consultation du conseil d'administration, des instances représentatives du personnel...) repousserait encore son lancement de plusieurs mois.  Les négociations engagées en décembre entre Air France et les deux syndicats de pilotes, SNPL et Spaf, ont connu de nombreux soubresauts.

Le SNPL a accepté à reculons le principe d'une filiale, se pliant au résultat d'un vote des pilotes. Mais il a obtenu en échange que les vols "Boost" soient opérés par des pilotes d'Air France, avec des conditions de travail et de rémunération inchangées. Les hôtesses et stewards seront en revanche recrutés en externe, à un coût inférieur à celui d'Air France, et une partie du personnel au sol sera externalisé.