Air France-KLM veut "reprendre l'offensive" et accélère ses économies

Air France-KLM va créer une nouvelle compagnie pour faire face à la concurrence sur les vols long-courrier.
Air France-KLM va créer une nouvelle compagnie pour faire face à la concurrence sur les vols long-courrier. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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C.L. avec Reuters
Outre la création d'une nouvelle compagnie aérienne, Air France-KLM vise une réduction des coûts unitaires de sa flotte de plus de 1,5% par an jusqu'en 2020.

Nouveau patron, nouvelles ambitions. Le PDG d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac, qui a pris ses fonctions cet été, a présenté jeudi le plan stratégique du groupe pour la période 2017-2020. Baptisé "Trust Together" ("Croire ensemble", il est essentiellement fondé sur la création d'une nouvelle compagnie aérienne aux côtés d'Air France.

Peu d'informations sur la nouvelle compagnie. Les contours de cette compagnie sont encore flous malgré les annonces de Jean-Marc Janaillac (elle n'a par exemple pas encore de nom). Air France l'envisage comme "la réponse du Groupe aux compagnies du Golfe qui se développent à bas coûts sur des marchés clés où Air France-KLM souhaite continuer à croître". Néanmoins, le PDG a précisé qu'elle ne sera pas positionnée en low cost. "Une Transavia long-courrier n'aurait pas de sens", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse, faisant référence à la low cost d'Air France-KLM spécialisée dans le moyen-courrier.

Une compagnie low cost pour le personnel. Au micro d'Europe 1, Christophe Pillet, secrétaire général adjoint du Syndicat National du Personnel Navigant Commercial d'Air France, a tenu à apporter une précision : "La nouvelle compagnie ne sera pas véritablement une low cost pour les clients car ils retrouveront les conditions tarifaires classiques avec les différentes classes qu'ils connaissent chez Air France. En revanche, elle sera low cost pour les personnels navigants de cabine (PNC)". En effet, les pilotes seront des volontaires venus de chez Air France. Mais le recrutement des PNC devrait passer par une filière différente de ceux d'Air France. A priori, ils ne bénéficieront pas des mêmes conditions de travail que leurs homologues d'Air France.

Baisse des coûts de 1,5% par an. Une perspective qui inquiète Christophe Pillet : "A termes, il y a le risque que la compagnie siphonne le personnel d'Air France et supplante la compagnie historique". Mais l'objectif est clair pour le groupe Air France-KLM : réduire ses coûts unitaires de plus de 1,5% par an sur la période 2017-2020, dépassant la baisse de 1,5% prévue dans le plan "Perform 2020" présenté en 2015 par le précédent PDG, Alexandre de Juniac.

Premiers vols en 2017. La nouvelle compagnie devrait démarrer ses vols moyen-courriers à l'hiver 2017 et long-courriers à l'été 2018. Elle disposera de 10 avions long-courriers d'ici 2020 et assurera 20% de l'activité moyen-courrier dans le but d'exploiter des lignes nouvellement créées avec des pilotes d'Air France sur la base du volontariat, rouvrir des lignes fermées car non rentables et conserver des lignes menacées. Les lignes d'Air France desservant des destinations touristiques, privilégiées par les low cost long-courriers, sont rentables ; ce sont les liaisons mixtes, mêlant des voyageurs pour les affaires et les loisirs, qui perdent de l'argent, a souligné Jean-Marc Janaillac.

28 milliards de chiffre d'affaires en 2020. Au total, 35% des lignes d'Air France sont déficitaires, dont 10% le sont très lourdement et seront assurées par la nouvelle compagnie afin de réduire les pertes, a annoncé le PDG. La nouvelle compagnie ne représentera qu'une petite partie de l'activité du groupe, qui ambitionne d'avoir, en 2020, une flotte de 435 appareils, hors avions régionaux, pour réaliser un chiffre d'affaires d'environ 28 milliards d'euros (contre 26 milliards en 2015) et transporter 100 millions de passagers (91 millions actuellement). Au total, Air France-KLM prévoit d'ici 2020 une croissance de 2% à 3% par an de son activité long-courrier et investir entre 1,7 et 2,2 milliards d'euros chaque année.

Négociations avec le personnel. D'autres mesures d'économies sont prévues pour Air France-KLM. Le groupe veut optimiser le financement de ses avions, ramenant de 40% à 20% la flotte d'appareils en leasing (un procédé coûteux), afin de privilégier l'achat d'avions en fonds propres. Il continue aussi la négociation avec le personnel du nouvel accord d'entreprise visant à augmenter la compétitivité. Interrogé par Europe 1, Christophe Pillet exclut pour l'instant un nouveau mouvement de grève : "C'est trop tôt. Mais Jean-Marc Janaillac n'a pas répondu à nos questions, il faudra d'abord éclaircir un certain nombres de problèmes".