Accusé de délocaliser, Renault dément

Le groupe automobile Renault va faire produire à l'étranger sa nouvelle génération de moteur. Une décision qui ne devrait avoir aucune conséquence pour les usines en France, promet la direction; les syndicats sont sceptiques.
Le groupe automobile Renault va faire produire à l'étranger sa nouvelle génération de moteur. Une décision qui ne devrait avoir aucune conséquence pour les usines en France, promet la direction; les syndicats sont sceptiques. © REUTERS
  • Copié
avec Lionel Gougelot et Olivier Samain
Son nouveau moteur sera construit à l’étranger, sans conséquence en France promet l’entreprise.

 

Le constructeur automobile français Renault a décidé de confier à une usine roumaine la fabrication d'un de ses petits moteurs à essence basse consommation de nouvelle génération, tout en démentant les accusations de délocalisation.

 

"Nous avons deux nouveaux moteurs qui vont sortir dans les prochains mois : le H4, qui sera fabriqué en Roumanie, et le H5 en Espagne à Valladolid", a déclaré un porte-parole du constructeur, confirmant des informations du quotidien Libération. La production du H4 doit démarrer en 2012 ou 2013 sur le site Dacia de Pitesti, où sont fabriquées les Logan, a-t-il ajouté.

 

La promesse de lendemains difficiles pour les sites français ?

 

Selon Libération, cette décision se fait au détriment de la société La Française de mécanique de Douvrin, dans le Pas-de-Calais, qui fabrique la gamme actuelle (D4) destinée aux petites Renault (Clio, Twingo, et des voitures de la gamme Logan).

 

Le journal évoque un "transfert" qui, à terme, "devrait détruire 200 à 400 emplois sur 3.450 dans cette usine de moteurs, détenue à parité par Renault et PSA".

 

Renault dément catégoriquement

 

Le H4 et le H5 "ne sont pas des concurrents du D4", a répondu le porte-parole de Renault, faisant valoir que "le H4 et le H5 sont appelés à prendre la place de modèles anciens quasiment similaires qui étaient déjà fabriqués en Turquie, en Espagne et en Roumanie".

 

"Carlos Ghosn (Ndlr, le PDG de Renault) avait annoncé en février qu'il n'y aurait ni fermeture de site, ni plan social, ni plan de départs collectifs dans le cadre du nouveau plan stratégique, ce qui s'applique à Douvrin", a ajouté le porte-parole. Renault avait par ailleurs annoncé le 21 mars confier la fabrication de son petit moteur H5, le grand-frère du H4, à l'usine espagnole de Valladolid.

 

Les salariés s’inquiètent

 

Les syndicats voient néanmoins dans cette annonce une forme de délocalisation au compte-goutte. "On investit là où les coûts salariaux sont les moindres, on l’a vu avec Dacia : la Logan et la Sandero sont fabriquées en Roumanie. Il y a aussi la Twingo produite en Turquie. C’est toujours des délocalisations, petit à petit on est en train de délocaliser l’industrie automobile en France. On a du mal à se reconnaitre dans ce jeu de Monopoly", a réagi sur Europe 1 Alain Labarre, délégué CGT du site de Douvrin.

Il y a plus d'un an, l'hypothèse d'une délocalisation de la production de la Clio 4 en Turquie avait déjà provoqué une vive polémique et valu à Carlos Ghosn d'être convoqué à l'Elysée par Nicolas Sarkozy.