A quoi va ressembler l'avenir de PSA ?

La direction du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën a annoncé jeudi la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en 2014 et la suppression de 8.000 postes.
La direction du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën a annoncé jeudi la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en 2014 et la suppression de 8.000 postes. © MAXPPP
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Le groupe prévoit 8.000 suppressions de poste "sans licenciements secs". L'exécutif s'agite.

"François Hollande a fait part jeudi de son extrême préoccupation et a demandé au gouvernement de tout mettre œuvre pour limiter les conséquences sociales du plan PSA". C'est par ces mots convaincus que l'Elysée a fait part de sa motivation de régler le dossier PSA Peugeot Citroën. La direction du constructeur automobile a annoncé jeudi la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en 2014 et la suppression de 8.000 postes en France.

Tout l'exécutif a crié son indignation et son intention d'agir. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a même déclaré qu'il "n'accepterait pas en l'état" le plan de redressement du groupe. Mais que compte-t-il faire ?  

Un rapport d'expert sous 15 jours. La première mesure a été annoncée par la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, jeudi matin sur Europe1. "Le gouvernement a décidé de mener une étude extrêmement rapide avec les organisations syndicales, pour savoir ce qu'est la situation à Peugeot et prendre les décisions appropriées. L'Etat va regarder comment a été menée la stratégie de l'entreprise et ce qui doit être exigé dans l’intérêt des salariés, a annoncé la ministre. Cette étude durera 15 jours, pour voir où on en est et ce qu'on peut faire".

"Cet expert, qui a notamment travaillé chez Renault, va tirer tout cela au clair pour comprendre la légitimité de cette décision. Le gouvernement veut la vérité", lui a emboîté le pas Arnaud Montebourg, jeudi soir sur France2.  

Mais le gouvernement semble pour le moment perdu quant aux mesures à prendre pour pousser PSA à alléger son plan.  

Les "nombreuses mesures" dans la tête de Montebourg. Interrogé sur France 2 au sujet des moyens de pression dont dispose l'Etat sur le groupe privé pour s'opposer aux suppressions de postes, le ministre a répondu qu'il y avait "de nombreux moyens". "D'abord, les aides publiques", a-t-il ajouté, sans fournir plus de précisions.

"Nous ne pouvons pas accepter aujourd'hui que des plans sociaux soient abusifs. Ils doivent être strictement proportionnés aux difficultés de l'entreprise", a simplement affirmé le ministre, citant en exemple le cas de Sanofi qui a réalisé 5 milliards de profits en 2011 et prévoit des suppressions de postes.

Le ministre a indiqué vouloir "examiner toutes les alternatives possibles". Et Arnaud Montebourg de proposer à PSA de fermer des usines… à l'étranger plutôt qu'en France : "par exemple pourquoi choisit-on encore un site en France, Aulnay, plutôt que d'autres sites en Europe."

Un plan de soutien à l'automobile le 25 juillet. Arnaud Montebourg a annoncé un "plan de soutien" à l'industrie automobile prévu pour le 25 juillet, date à laquelle PSA doit annoncer les deux autres volets de son projet de redressement ainsi que ses résultats financiers du premier semestre 2012. Soutien au chômage partiel, aide au sous-traitant, création d'une banque pour la filière auto ou taxe sur les constructeurs ne privilégiant pas le "produit en France" font partis des pistes du cabinet du ministre. (Voir le détail en cliquant ici.) Le ministre doit rencontrer "bientôt" les syndicats pour en discuter avec eux.

Vers une nouvelle concertation chez Peugeot ?  Sans donner plus de détails sur les moyens qu'il veut mettre en œuvre pour faire pression, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a demandé à la direction de PSA d'engager "sans délai" une "concertation exemplaire, loyale et responsable". Jean-Marc Ayrault demande notamment que toutes les alternatives puissent être étudiées et discutées, avec comme objectifs premiers "la préservation durable de l'emploi" et "le maintien d'une activité industrielle sur tous les sites français".

Varin promet d'éviter les "licenciements secs", mais pas les "nets". "Non, il n'y aura pas de licenciements secs, nous proposerons une solution à chaque salarié", a promis Philippe Varin, le président du directoire de PSA, interrogé lors du JT de TF1 jeudi soir. "Personne ne sera laissé au bord du chemin", avait-il déjà assuré dans la matinée. Pourtant, il avait annoncé un peu plus tôt "6.500 départs nets" sur les 8.000 suppressions de poste. Le patron de PSA a-t-il fait marche arrière ?

Non, car les deux notions sont différentes. Le "départ net" d'un salarié signifie qu'il ne sera pas reclassé au sein du groupe. En revanche, Philippe Varin promet d'aider chaque salarié à se reclasser à l'extérieur, hormis pour les départs volontaires. Cela peut être fait par des congés de redressement, en aidant le salariés à trouver une formation ou en le reclassant dans une entreprise partenaire par exemple.

Safran et la SNCF reprendraient des employés de PSA. La SNCF pourrait recruter des personnels licenciés du groupe PSA, notamment des électriciens, des mécaniciens ou des spécialistes d'ingénierie, a déclaré jeudi le président de la compagnie ferroviaire, Guillaume Pepy. "Il y a tout un savoir-faire dans les usines automobiles que nous savons, nous, utiliser à la SNCF", a-t-il poursuivi.

Le groupe d'électronique et de défense Safran étudie également l'embauche de 400 salariés, a déclaré sur Europe 1 le directeur général délégué de Safran, Dominique Jean Chertier.

Toutefois, ces embauches ne viendront pas nécessairement contrebalancer toutes les suppressions de postes annoncées jeudi. "Nous recherchons des personnels qualifiés, dès le mois d'avril, on a sélectionné des profils, fait des propositions, pour un objectif d'environ 400 personnes qui vont de l'ouvrier très qualifié à l'ingénieur."

Bruxelles s'en mêle. La Commission européenne s'est dite prête jeudi à examiner avec les autorités françaises des demandes de soutien à l'emploi, en réaction à l'annonce de PSA. Et ce, "soit sur la base du Fonds européen de mondialisation, soit sur la base du Fonds social européen", a expliqué Jonathan Todd, porte-parole du commissaire européen chargé de l'emploi, Laszlo Andor.

Quel avenir pour Aulnay ? L'usine d'Aulnay, en Seine-Saint-Denis, est la plus touchée par le plan. PSA va tout simplement y cesser complétement sa production de véhicules. Plus de 3.000 personnes travaillent sur ce site à la production de la Citroën C3, et seules 1.500 seront reclassées. La plupart iront à Poissy, dans les Yvelines, où l'usine produit aussi la C3. Les syndicats, notamment la CGT, majoritaire, et Sud, troisième, promettent "la guerre".  Et ce dès vendredi, pour Sud, qui appelle au blocage de l'usine. Ce sera à la rentrée pour la CGT, selon qui le mouvement va "monter en puissance" en septembre.

Pour le site en lui-même, PSA entend à l'avenir maintenir "sa vocation industrielle" et ne pas vendre. Selon les informations d'Europe1, la piste la plus probable est celle de transformer l'usine en plateforme logistique. Des trains et camions pourraient à l'avenir en partir pour alimenter les usines de pièces détachées. En plus de la logistique, PSA envisage la création d'un "pôle véhicules d'occasion". Le site pourrait ainsi entreposer, voire vendre des voitures s'il trouve des concessionnaires. Le site Aulnay "nouvelle version" devrait voir le jour en 2015. Son sort sera fixé lors du prochain Comité central d'entreprise, le 25 juillet.