Ecomouv' : Hollande a-t-il gaffé sur la réinsertion des salariés ?

© ALAIN JOCARD / AFP
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Le chef de l'Etat aurait annoncé, avant même la fin de l'appel d'offre, que les salariés de feu Ecomouv' seraient recasés sur une plateforme de Pôle emploi. Mais ce dernier parle d'une "confusion". 

François Hollande a-t-il annoncé une fausse bonne nouvelle aux salariés de feu Ecomouv', la société chargée de collecter la défunte Ecotaxe ? Le 27 mars dernier, entre les deux tours des départementales, le chef de l'Etat, en déplacement en Lorraine, a annoncé "la création de 100 à 150 emplois sur une plateforme que Pôle emploi va mettre en place […] sur le site d'Ecomouv', installé dans l'ancienne base aérienne près de Metz".

L'appel d'offres n'avait pas expiré. Le hic ? Selon Le Parisien, l'appel d'offres lancé par Pôle emploi n'expirait que le 30 mars 2015, soit trois jours après la déclaration du président de la République. Et le document ne mentionnait ni le lieu de la plateforme, ni les salariés d'Ecomouv'. L'appel mentionnait seulement  "des prestations d'appui à distance, centrées sur le traitement des demandes d'inscriptions des demandeurs d'emploi". Le chef de l'Etat, qui n'a pas à interférer dans ce dossier, risque ainsi d'être accusé de favoritisme envers la société Arvato : les détails distillés par François Hollande sur le lieu et le nombre d'emplois permettraient en effet d'identifier l'offre de cette société allemande basée à Metz.

Bientôt un recours ? S'il s'agit bien d'une gaffe, le chef de l'Etat risque de rendre l'appel d'offre invalide. Et Pôle emploi pourrait être obligé de tout recommencer, éloignant les perspectives d'emploi des salariés d'Ecomouv'. Me Louis Gauthier, avocat d'une société ayant participé à l'appel d'offres de Pôle emploi, envisage en effet un recours qui annulerait l'appel d'offre. Il y a "un faisceau de présomptions très troublant d'une anomalie" dans la procédure de ce marché public, a dénoncé l'avocat à l'AFP. 

Une confusion dans les appels d'offres ?  Toutefois, selon la direction de Pôle emploi, contactée par l'AFP, il n'y a pas vraiment d'affaire. Il y a "une confusion entre un marché déjà conclu et un appel d'offres toujours en cours", explique Pôle emploi. L'annonce du président concerne un "centre de numérisation de documents", dont le marché a en partie été attribué à la société Arvato. "On envisage la possibilité de l'ouvrir du côté de Metz et les salariés d'Ecomouv' pourraient se positionner", indique encore l'organisme. De son côté, l'appel d'offres, qui n'a rien à voir avec l'annonce du président, concerne le numéro d'appel de Pôle emploi, le 3949, poursuit l'opérateur. "L'appel est toujours en cours et les résultats seront connus fin mai."

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait affirmé à la presse ne pas disposer du "détail" de cette affaire. "On regardera ça pour vérifier ce qu'il se passe exactement, quelles sont les conséquences", avait-il ajouté, soulignant que "l'idée du président de la République n'était pas (...) de savoir s'il y avait un appel d'offres et s'il était terminé", mais "au contraire d'offrir une perspective d'emploi pour les salariés d'Ecomouv'".