Déficit : la France accepte finalement un nouveau tour de vis

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AUSTERITÉ - Si Paris a obtenu un nouveau délai, c’est au prix d’économies plus importantes. Après l’avoir refusé, la France commence à s’y ranger.

La France s’est lancée dans le difficile chantier de la réduction du déficit public mais le compte n’y est pas : la Commission européenne a donc accordé un nouveau délai à Paris en échange de nouvelles économies. Un effort supplémentaire que le gouvernement a d’abord contesté mais, dans un entretien publié mercredi, François Hollande a commencé à accepter ce nouveau tour de vis en annonçant 4 milliards d’économies supplémentaires en 2015.

Un nouveau délai mais des économies en plus. Censée faire repasser son déficit sous la barre des 3% du PIB depuis 2013, la France est encore loin du compte. Paris a donc obtenu, et ce pour la deuxième fois, un nouveau délai pour respecter ces règles de bonne gouvernance budgétaire. Sauf que Bruxelles a cette fois-ci accompagné ce nouveau calendrier d’objectifs plus ambitieux en termes d’économies, comme le montre cette infographie.

4% de déficit à la place des 4,1% prévus par le gouvernement pour 2015, la différence parait dérisoire. Mais ces quelques dixièmes de pourcent en plus pèsent lourd : alors que la France devait initialement économiser 50 milliards d’euros d’ici 2017, le gouvernement estime que les nouveaux objectifs fixés par Bruxelles sont synonymes d’un effort supplémentaire de 30 milliards.

Ce qui n’a pas tardé à faire réagir Emmanuel Macron, qui a contesté lundi ce coup de rabot supplémentaire, soulignant que "ce n'est pas raisonnable macro-économiquement" car "cela cassera la croissance". Et le ministre de l’Economie d’affirmer que "la France atteindra 3% de déficit en 2017"… et non 2,8%, comme demandé par Bruxelles.

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© GEORGES GOBET / AFP

"Si Bruxelles demande 4 milliards de plus"… Si la France conteste ces 30 milliards d’économies en plus, elle doit manœuvrer habilement pour arriver à ses fins. Paris a donc accepté en partie les nouvelles recommandations de Bruxelles, mais uniquement pour l’année 2015. Soit un effort supplémentaire estimé à 4 milliards d’euros.

Ce qu’a confirmé mercredi le président de la République, alors que seul l’entourage du ministre de l’Economie le reconnaissait jusqu’à présent. "Si Bruxelles demande 4 milliards de plus pour respecter nos engagements en matière de réduction des déficits publics, ils seront trouvés par des économies nouvelles", a déclaré François Hollande dans  un entretien accordé au Parisien. Avant de préciser que cela ne se traduirait pas par une hausse d’impôts.

Reste à trancher la question des économies supplémentaires demandées par Bruxelles pour 2016 et 2017, qui sont deux fois plus importantes. Un devis que la France espère revoir à la baisse le 10 mars, date de la prochaine réunion des ministres des Finances européens. Mais convaincre les autres pays de la zone euro risque d'être une tâche pour le moins compliquée.