50.000 chômeurs en moins, vraiment ?

Presque 80.000 personnes supplémentaires ont été supprimés des listes de Pôle Emploi.
Presque 80.000 personnes supplémentaires ont été supprimés des listes de Pôle Emploi. © MAXPPP
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Damien Brunon , modifié à
Le gouvernement a annoncé une baisse chômage en août. Dans le même temps, près de 80.000 personnes supplémentaires ont été rayées des listes de Pôle Emploi.

Quel crédit donner aux très bons résultats de l’emploi pour le mois d’août qu’annonce mercredi le ministère de l’Emploi ? La question se pose lorsque l’on met en parallèle les 50.000 chômeurs de moins annoncé avec le chiffre exceptionnel de 77.500 personnes supplémentaires qui ont été supprimées des listes de Pôle Emploi.

Ces presque 80.000 personnes n’ont pas été radiées, elles ont subit un traitement automatique lié à un défaut d’actualisation de leur statut. Concrètement, les demandeurs d’emploi doivent régulièrement mettre à jour leur situation. Lorsqu’ils ne le font pas, ils sont tout simplement supprimés des listings pour “cessation d’inscription pour défaut d’actualisation”.

+38,8% en août 2013. Le problème est qu’en août 2012 comme en juillet 2013, le nombre de personnes supprimées pour cette raison était de 200.000 personnes par mois. Le bond de 77.500 personnes n’est donc pas lié à une conjoncture particulière ou à une habitude saisonnière.

La Dares ne s’explique d’ailleurs pas cette envolée. “A ce jour, aucun incident (...) ou changement dans les modalités ou règles de la procédure d’actualisation (...) n’a pu être identifié pour expliquer cette hausse exceptionnelle”, détaille l’institut qui s’occupe des statistiques pour le ministère de l’Emploi.

On observe sur le document la très forte progression des suppressions dûes à l'actualisation (graphique au centre à droite).

  Document de la Dares by Damien Brunon

Deux raisons, un danger. A l’heure actuelle, il est donc difficile de savoir si la baisse significative du nombre de chômeur est lié à une embellie de la conjoncture ou à un phénomène ponctuel. Les personnes supprimées des listes ont pu l’être volontairement, mais aussi à leur insu.

“Ca peut être des chômeurs qui ne sont pas allé à leur rendez-vous mensuel ou qui ont mal rempli leur dossier au cours du mois d’août. Il existe aussi des nettoyages de fichier pour effacer les personnes qui ont trouvé un emploi sans le dire. Pôle Emploi est très ennuyés parce qu’il n’a pas d’explication au phénomène”, ajoute au micro d’Europe1 Eric Heyer, économiste spécialiste de l’emploi à l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE).

On peut néanmoins imaginer qu’il ne faudra pas longtemps pour connaître le vrai du faux dans cette histoire. La suppression des listes étant mensuelle, les personnes qui ont été touchées par la procédure mais qui cherchent toujours un emploi devraient sûrement se réinscrire dès le mois prochain. "Le risque, c'est que l'on ait un effet de ciseaux le mois prochain et que l'on observe une hausse brutale dans la foulée de cette baisse", prévient Eric Heyer

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