158 milliards pour sauver la Grèce

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avec agences , modifié à
La zone euro fera des efforts pour aider la Grèce. Les banques privées aussi.

Le sommet de l’Union européenne qui définit une nouvelle stratégie pour aider la Grèce s'est conclu jeudi soir après de longues heures de négociations. Le nouveau scénario du sauvetage financier de la Grèce a été validé, avec un allègement de la dette qui sera remboursée sur une plus longue échéance, à des taux revus à la baisse.

La Grèce remboursera sa dette

Allongement du remboursement et baisse des taux d'intérêt. Un temps envisagée, la réduction de la dette grecque n'aura pas lieu. Le sommet de la zone euro jeudi a débouché sur une décision : la Grèce remboursera sa dette. Cependant, plusieurs efforts ont été consentis : le remboursement est étiré sur trente ans, et surtout, les taux d'intérêt du remboursement aux banques privées ont été baissés à "3,5 à 4%, contre 5% aujourd'hui", a expliqué Nicolas Sarkozy au sortir du sommet."Cela permettra à la Grèce d'effectuer 30 milliards d'euros d'économies dans les dix prochaines années", a ajouté le chef de l'Etat.

L'Irlande et le Portugal, également en difficulté, voient aussi la durée de leurs prêts allongée à 15 ans au minimum, voire à 30 ans, avec une "période de grâce de dix ans" avant le premier remboursement.

Une nouvelle aide conjointe de l'UE et du FMI. Un nouveau plan d'aide a été acté jeudi, qui atteindra plus de 158 milliards de dollars. L'Europe et le FMI prêteront 109 milliards d'euros d'ici fin 2014, selon une répartition qui n'a pas encore été tranchée. 49,6 milliards d'euros proviendront d'une contribution du secteur privé créancier de la Grèce - banques, compagnies d'assurance et fonds d'investissement - : 37 milliards d'une "contribution volontaire" et 12,6 milliards consisteront en un rachat de dette sur le marché.

La participation des banques dans un plan d'aide de ce type est une première au sein de l'Union monétaire et pourrait déboucher sur un défaut de paiement de la Grèce, même de courte durée.. Cette exigence d'impliquer à tout prix le secteur privé provenait de l'Allemagne. La chancelière Angela Merkel estime qu'elle ne pourra, sans cela, convaincre son opinion publique de prêter de nouveaux fonds aux pays européens en difficulté.

Un "Fonds monétaire européen" ébauché

Le Fonds européen de stabilité financière plus souple. La Facilité européenne de stabilité financière (FESF), ce Fonds de secours de la zone euro mis en place en 2010 et qui a déjà servi à prêter de l'argent à l'Irlande et au Portugal, va voir son champ d'action élargi. Si la BCE constate des "circonstances exceptionnelles" et les Etats membres donnent leur accord, le Fonds pourra acheter de la dette publique de pays en difficulté sur le marché obligataire secondaire, là où les investisseurs s'échangent les titres après leur émission. Cela permet de soulager les banques qui détiennent ces titres à la valeur dépréciée. Le FESF pourra aussi accorder aux Etats des lignes de crédit préventives comme le fait le FMI, ou prêter de l'argent à des pays, y compris s'ils n'ont pas fait appel à un plan d'aide, pour qu'ils recapitalisent leurs banques.

Selon Nicolas Sarkozy, cette décision amorce la création d'un véritable "Fonds monétaire européen". Cette réforme sera pérennisée au-delà de 2013, lorsque le FESF sera remplacé par le Mécanisme européen de stabilité, a indiqué l'Elysée dans la soirée.

Le FMI "continuera à jouer son rôle"

Le Fonds monétaire international prêt à aider encore la Grèce. La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a affirmé dans un communiqué que l'institution allait continuer "à jouer son rôle" pour aider la Grèce. "Sur la base d'une mise en oeuvre solide du programme par les autorités grecques, et de la détermination des Etats membres à soutenir la Grèce, le FMI continuera à jouer son rôle conformément aux pratiques du Fonds et, bien entendu, sous condition de l'approbation de notre conseil d'administration", a-t-elle indiqué. La Grèce n'a pas encore demandé de nouveau programme d'aide mais le FMI est prêt à participer si elle en faisait la demande, a ajouté l'ancienne ministre de l'Economie.

L'idée d'une taxe bancaire abandonnée

La taxe bancaire, un temps évoquée pendant les négociations, a finalement été abandonnée. Ce projet avait été évoqué après que la chancelière allemande Angela Merkel a réaffirmé son souhait que les banques payent une partie de la facture, ces dernières ayant prêté de l’argent à la Grèce tout en négligeant les risques.