100% de bœuf français, c'est jouable ?

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Thomas Morel et Pascal Berthelot , modifié à
Les industriels veulent tous de la viande française pour leurs plats cuisinés. C'est possible ?

Findus, Picard, Carrefour, Intermarché ou Fleury Michon. Depuis une semaine, toutes les entreprises de production ou de distribution de plats cuisinés n'ont qu'une expression à la bouche : "100 % de viande bovine française". Après l'affaire de la viande de cheval vendue comme étant du bœuf, le recours exclusif à l'élevage français serait selon eux le meilleur moyen de redonner confiance dans leur assiette aux consommateurs. Mais dans la pratique, ce changement dans le mode de production n'est pas si simple à "cuisiner". 

LE CHIFFRE : 150.000 tonnes de bœuf à trouver. Ce regain subit d'intérêt pour la filière bovine française pose une question : où trouver les quantités de viande nécessaires pour tous ces plats cuisinés ? Selon la Fédération nationale bovine (FNB), ce sont en effet pas moins de 150.000 tonnes de bœuf qui sont utilisées chaque année pour créer lasagnes, raviolis, hachis Parmentier et autres repas préparés. Et même si la moitié de ces produits sont déjà fabriqués à partir d'animaux français, les industriels vont devoir trouver rapidement des milliers de vaches françaises pour répondre à leurs besoins.

>> Ils veulent tous du "Made in France".

Dans l'immédiat : le "coup de pouce" de la Turquie. Les industriels vont pouvoir compter rapidement sur l'aide, bien malgré elle, de la Turquie. Ankara vient en effet de décider de fermer ses portes au bœuf français. Conséquence, certains éleveurs doivent trouver d'autres débouchés pour leurs animaux. "Nous avons en 2012 exporté 150.000 bovins vers la Turquie. Actuellement, les frontières sont fermées, ce qui nous laisse un potentiel possible de fourniture de viande bovine française", explique Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine. De quoi répondre aux besoins. Au moins dans l'immédiat.

Et pour la suite ? Place aux "broutards". A moyen terme, c'est toute une réorganisation de la filière qui devrait avoir lieu pour augmenter les capacités d'élevage français. Pour fournir tous les industriels, les éleveurs bovins pensent pouvoir compter sur les "broutards". Il s'agit de veaux qui naissent en France et sont ensuite envoyés dans d'autres pays, notamment l'Italie et l'Espagne, pour être engraissés. Chaque année, un million de bêtes sont ainsi exportées. Les éleveurs pourraient donc garder pour eux une partie de ces "broutards" et les faire grandir en France afin de répondre à la demande.

LA CONSEQUENCE : des hausses de prix à prévoir. Mais passer du veau au bœuf demande du temps. Il faut compter en moyenne un an pour que l'animal atteigne sa taille adulte. En attendant, le prix de la viande pourrait connaître une hausse sensible. Et si les lasagnes surgelées, qui ne contiennent en fait que peu de viande, ne devraient pas être trop touchées, le bon vieux steak, lui, pourrait voir son prix augmenter de 10 à 15 centimes.

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