.XXX ou "le quartier rouge" du web

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Hélène Favier , modifié à
Les premiers sites pornos en .xxx devraient apparaître dès cette année.

Le X aura finalement droit à son .xxx. L'organisme chargé des noms de domaine sur Internet, l'Icann, a annoncé, la semaine dernière, la création d'adresses avec le fameux suffixe .xxx, qui intéresse - évidemment - les sites à contenu pornographique.

Il y a cinq ans, l’Icann avait pourtant rejeté cette proposition, de peur de créer « un quartier rouge » du net, en référence au Red light district d’Amsterdam. Mais, depuis, sa décision faisait l’objet d’une procédure en appel. De nombreuses pétitions sur ce sujet ont par ailleurs été soumises à l’Icann sur sujet.

Les sites pornos inquiets

Les sites en .xxx pourront donc être créés dès cette année et concurrencer ceux en .com qu'utilisent la plupart des sites à but lucratif. Mais tous les sites pornographiques ne se laisseront pas tenter : les noms de domaine en x sont, en effet, loin de faire l'unanimité dans le secteur de l'érotisme et de la pornographie.

Une association du secteur, la Free Speech Coalition (FSC, coalition pour la liberté d'expression) a d’ailleurs organisé une manifestation pour protester contre cette innovation. Leurs craintes ? Que des gouvernements puissent forcer tous les sites à contenus érotiques ou pornographiques à adopter une adresse en triple x, pour mieux les surveiller voire les bloquer.

Autre appréhension de la FSC : que les sites érotiques soient obligés d'acheter des noms de domaine avec le suffixe .xxx à la société privée qui en a la gestion en monopole, l’IMC Registry, qui, elle espère toucher 200 millions par an de cette activité.

Ghettoïsés en .xxx, les sites pornos craignent également d’être facilement filtrés par les internautes, notamment via les outils de contrôle parental.

A quand un .paris ?

Reste que la décision de l’Icann sur le triple x dépasse les enjeux de la web-pornographique. Elle touche à l’ensemble de la politique de création de noms de domaines génériques.

Les négociations sur les autres noms de domaines génériques - par exemple le .info ou des extensions géographiques comme le .seattle, le .paris ou encore le .bordeaux- étaient, en effet, au point mort en raison de désaccords sur les procédures de recours pour une bloquer une extension. Aujourd’hui, elles semblent facilitées par cette avancée du .xxx. L’Icann a d’ailleurs annoncé qu’elle organisait une réunion décisive sur cette question, le 20 juin à Singapour.

"Nous pensons être assez proches d'une politique qui fonctionne (…). Nous avons trouvé un programme pour terminer le processus", ", assure, en effet, le président du conseil d'administration de l'Icann, Peter Dengate Thrush avant de préciser : "Cela s'inscrit dans une mission pour apporter de la concurrence, de la diversité et du choix".

De nouveaux noms de domaines génériques pour 2012

Il existe aujourd’hui 21 noms de domaines génériques (.org, .net, .com) et plus de 200 extensions nationales (.fr, .be, .jp, etc.). Si, le 20 juin, prochain, l’Icann va au bout du processus, ce nombre pourrait donc se multiplier… sans toutefois atteindre un nombre exorbitant.

En effet, selon lexpansion.fr, lancer une extension, nécessite au moins un budget d’un demi-million de dollars, dont 185.000 dollars (130.000 euros) de taxes versés à l’Icann. De quoi faire réfléchir ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure...