Langage, lecture, calcul : cinq conseils pour stimuler le cerveau de votre enfant

  • Copié
, modifié à
Langage, lecture, calcul… L’ouvrage "Dans le cerveau de mon enfant", sorti mardi, nous donne des conseils pour accompagner le développement de l’enfant.

S’éveiller au monde, apprendre à parler, à lire, à compter… Le développement de l’enfant est jalonné d’étapes, qui font souvent l’émerveillement des parents. Avec leur ouvrage Dans le cerveau de mon enfant, les docteurs Michèle Mazeau et Alain Pouhet, deux spécialistes en neurosciences, proposent de nous aider à comprendre les rouages de ce développement, et nous donnent une série de conseils pour l’accompagner (pour savoir ce que nous avons pensé de l’ouvrage en lui-même, c’est par ici). Nous vous en avons sélectionné cinq.

1) La découverte du monde (0 à 12 mois)

Avant même sa première année, le cerveau du nourrisson et ses cent milliards de neurones effectuent un travail considérable. Ils analysent les données de l’extérieur, tirent du général à partir du particulier, apprennent à faire le lien entre des mots et des objets, à désigner des objets avec le doigt… Pour cela, le cerveau a besoin d’emmagasiner le plus d’informations possibles via tous les sens de l'enfant. Voici comment l’y aider :

- Multipliez les promenades, dans le plus d’endroits possibles. "Lorsque votre enfant ne dort pas, ses yeux sont de véritables caméras qui explorent et scannent tout ce qui est à portée de sa vue et attire son attention", nous disent Michèle Mazeau et Alain Pouhet.

- Utilisez des jeux de manipulation, qui vont lui faire expérimenter toutes sortes de gestes : ouvrir, fermer, tirer, empiler, jeter, pousser, tourner, orienter des éléments, les assembler, les déplacer avec plus ou moins de force et de précision. Outre ses facultés motrices, cela l’entraîne à contrôler ses activités, à évaluer sa réussite, à rectifier

- Savoir dire "non" : au-delà du respect de l’autorité, le "non" lui aide à différencier les intonations, à patienter, à différer la satisfaction de ses désirs, à comprendre le danger

- Encouragez le sans l’inciter à aller plus vite : l’enfant doit apprendre à focaliser son attention, à réfléchir sur du long terme…

2) Les premiers mots (1 à 3 ans)

Durant ses deux ou trois premières années, l’enfant va progressivement apprendre à s’exprimer oralement. Cela commence par quelques mots brouillons, puis plus précis, puis par l’alliance de deux mots, un nom et une intention par exemple ("veux biberon"), puis la qualification par des adjectifs et enfin l’apparition des premières règles grammaticales : dès 20/24 mois, il apprend par exemple à placer la négation avant le verbe infinitif ("pas manger", "pas boire") ! Pour accompagner ses premiers mots, voici quelques conseils :

- Soyez patient quoi qu’il arrive, aidez le avec bienveillance

- Soyez attentif au message même si la forme ne vous plait pas

- Ne cherchez pas à faire répéter l’enfant "convenablement" mais répétez, vous, le mot avec la bonne forme au moins une fois ("tu as raison, c’est un crocodile", "oui, elle est jolie ta fleur")

- Ne répétez surtout pas ses erreurs : s’il dit "crocrodile" ou "fieur", ne l’incitez pas à le refaire !

- Mettez des mots sur les émotions, dans différents contextes ("tu as peur" ? "Tu es vexé" ?)

- Répondez à ses questions quoi qu’il arrive, avec des mots simples, mais justes

3)  Des jeux pour développer sa curiosité, son attention, sa mémoire (4 à 6 ans)

Il n’est pas toujours facile d'aider l'enfant à prendre des initiatives, à stimuler son imagination, aiguiser sa curiosité, son attention ou sa mémoire. Les jeux peuvent alors s’avérer de précieux outils. Mais lesquels ?

- Des jeux, adaptés à son âge, qui donnent un "retour immédiat sur l’objectif visé" (puzzle, jeu d’encastrement…) pour inciter l’enfant à s’évaluer et se corriger

- Des jeux de société qui "favorisent l’interaction immédiate" avec au moins un autre partenaire adulte (jeu de l’oie, petits chevaux, jeu de 7 familles, lotos, dominos etc.). L’enfant sera impliqué et l’adulte sera là pour éventuellement lui distiller des conseils et lui faire respecter les règles

- Favoriser des jeux que l’enfant maîtrise "presque" : si c’est trop difficile, il va se décourager, si c’est trop facile, il n’y aura ni défi ni efforts à faire !

- Les jeux "Jacques a dit" ou "un, deux, trois, soleil !" peuvent aider à apprendre la patience tout en stimulant l’attention. Des activités de long terme et séquencées, du type calendrier de l’Avent, l’aident aussi à gérer l’attente, à "l’investir positivement"

4) Lui donner le goût de lire

Le plaisir de lire s’apprend dès le plus jeune âge. Plus tôt vous lui lirez des histoires, plus vite il associera la lecture à un plaisir. Plus tôt vous lui mettrez un livre entre les mains, plus vite il adoptera la gestuelle nécessaire. À partir de quatre ans, vous pouvez aussi passer à la vitesse supérieure :

- En lui lisant des sortes d’histoire toutes différentes les unes que les autres, pour en faire des moments de partage et de découvertes. Variez ainsi les contextes (passé, présent, futur, monde imaginaire...), les personnages (humains, animaux, dragons, fées...) ou les questions abordées (héroïsme, amour, nourriture, "vie de tous les jours", environnement, faits de société...)  

 - Proposez-lui des jeux de rimes, en lui faisant deviner des séries de mots qui se terminent pareil, par exemple. "Les rimes éveillent les enfants à la conscience des sons au sein des mots", écrivent les deux médecins. Cela fonctionne aussi avec des jeux de mémoires, du type : un joueur dit un mot, et le suivant doit le retenir et en ajouter un autre,  et ainsi de suite…

5) Du comptage… au calcul

Dès l’âge de 5 ans, l’enfant sait, généralement, compter jusqu’à 10, voire un peu au-delà. Mais il ne saura pas forcément vous donner "cinq bonbons" si vous lui en demandez, et sera encore moins capable de les additionner. Voici quelques conseils pour l’accompagner sur la route des nombres :

- Utilisez la méthode du "regroupement d’éléments" : lorsque vous dite "un", désignez une pomme, au moment où vous dites "deux", désignez deux pommes (et non la deuxième pomme toute seule), "trois", trois pommes etc.

- Le recours aux doigts est largement encouragé, notamment pour "prendre conscience de la base 10", nous dit l’ouvrage : "par exemple, 13, c’est deux mains et trois doigts"

-  Les jeux de "plateau" (oies, petits chevaux, course aux poules…), les jeux informatiques type "la course aux nombres", les jeux de déplacement de pions ou tous ceux faisant intervenir nombre et réflexion (le Uno, les 1.000 bornes, le Monopoly junior…) peuvent également venir en appui.