Développement personnel : trois bonnes raisons de ne rien prévoir pour ses vacances

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Les vacances de Pâques démarrent ce week-end dans la zone A. Et si vous ne programmiez rien ?

Les vacances d’avril commencent dès ce weekend pour la zone A. Le mois de mai et son lot de jours fériés vont suivre. Savez-vous déjà ce que vous allez faire ? Certains ont sans doute un agenda bien chargé pour occuper le temps durant ces jours "off". D’autres s’inquiètent peut-être de ne pas savoir encore quoi faire. Mais n’avoir rien à faire est-il forcément une mauvaise chose ? Pas sûr… Voici trois raisons de ne rien prévoir.

1) Ne rien faire est une occasion de se concentrer sur des choses simples

"Le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre", écrit Blaise Pascal dans les Pensées. Pour le philosophe, l’homme est sans cesse préoccupé par les soucis du monde : vais-je trouver de quoi manger ? De quoi satisfaire mes désirs ? Ceux de mes proches ? Or, n’avoir rien à faire, c’est selon lui l’occasion de se libérer de nombreuses sensations néfastes : le stress de l’organisation, la crainte que nos loisirs se passent mal, la frustration d’un plaisir décevant...  Aujourd’hui, certains parleraient davantage de "charge mentale". Et n’avoir rien de prévu, c’est l’alléger.

Avant Pascal, Epicure théorisait que le réel plaisir, c’était de ne pas trop en avoir. À se concentrer sur des loisirs simples et facilement accessibles (jardiner, lire, discuter, écouter de la musique, savourer le confort d’être sous un toit), on atteint l’ataraxie, l’absence de troubles. Les troubles étant provoqués, eux, par la recherche continue de plaisirs complexes, difficilement atteignables, et jamais parfaitement atteints.

N’avoir rien à faire, c’est aussi se donner la possibilité de la surprise, de l’imprévu, de la spontanéité. Certains psychologues parlent aujourd’hui de "jachère psychique" pour ces moments de rien, de pause, entre deux préoccupations. Des moments qui permettent de se sevrer de notre dépendance à l’adrénaline et d’ouvrir sa conscience sur des perceptions primaires : regarder la nature, écouter une conversation au café, sentir le vent ou le soleil sur sa peau…

2) Cela permet de s’accorder du temps pour se recentrer, se projeter

Pour Pascal, fervent chrétien, la prière était le meilleur moyen de vaincre ce "malheur des hommes". D’autres suggèrerait aujourd’hui la méditation : lorsque l’on n’a rien à faire, c’est le moment pour apprendre à se recentrer, écouter sa respiration, laisser passer ses pensées et contempler son être profond (plus d’infos sur la méditation ici). Méditer permet de profiter du seul sentiment d’exister. Ce qui suffit, parfois, à tromper l’ennui. "J’existe. C’est doux, si doux, si lent. Et léger : on dirait que ça tient en l’air tout seul", écrivait Jean Paul Sartre dans La Nausée.

" L’ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie "

Mais pour ceux (à l’instar de Sartre) qui ne peuvent s’empêcher de penser, le temps libre peut être aussi l’occasion de mettre au point des projets que l’on avait enfouis depuis longtemps. L’oisiveté est l’occasion de se remettre à penser par soi-même, là où les habituels soucis du monde nous imposent des pensées que l’on ne maîtrise pas toujours. "Il y a quelque chose de mieux que d’avoir des aventures : c’est d’en inventer. Il y a quelque chose de mieux que de s’agiter : c’est de s’ennuyer", écrit l’Académicien Jean d’Ormesson dans son livre Qu’ai-je donc fait ? "L’ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie. Dieu s’ennuyait avant de créer le monde. Newton était couché dans l’herbe et bayait aux corneilles quand il a vu tomber la pomme de la gravitation universelle", poursuit l’écrivain.

3) Et donc de couper pour mieux repartir

Se libérer ainsi des soucis du monde, des activités permanentes, ce n’est pas nécessairement une démarche vaine. Se couper un moment, faire le tri dans ses pensées, se recentrer, se concentrer sur les choses simples permettent de repartir mieux armé dans la "vie réelle".

"Ces espaces intermédiaires entre soi et le monde nous permettent d’aller sans trop de risques vers l’autre. Nous avons besoin de temps de ‘retrait’ pour digérer, penser ce que l’on a vécu, avant d’aller vers le nouveau", explique le psychiatre Régis Airault, auteur de Faire une pause dans sa vie. Et de comparer les bienfaits de la "pause" chez l’adulte au sentiment que procure au bébé le contact de son doudou, ou celui d’un enfant qui se laisse entraîner dans un jeu. Des sentiments qui ne les détournent ni des parents, ni de l’école, mais offrent un temps de respiration afin de mieux profiter, ensuite, du monde extérieur.

Les trois choses à retenir

- N’avoir rien à faire permet de se recentrer sur des plaisirs simples ou des sensations primaires

- Méditer, faire travailler son imagination ou élaborer des projets trompent l'ennui

- Se couper des activités du monde permet de mieux y revenir par la suite