Au fait, c'est quoi le bonheur ?

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D’une tradition à l’autre, d’un individu à l’autre, le bonheur ne signifie pas forcément la même chose. Europe 1 vous en propose quelques définitions.

C'est quand le bonheur, demande le chanteur ? Avant de lui apporter une réponse, encore faut-il savoir de quoi on parle. Que signifie réellement le bonheur ? Les définitions sont souvent subjectives, floues, abstraites, fluctuantes. Je vous en ai sélectionnées quelques-unes.

Au fait, que dit le dictionnaire ?

- Soucieux d’englober toutes les définitions possibles, le Robert voit large : le bonheur est un "état de la conscience pleinement satisfaite" ou est simplement "ce qui convient, contente". Comment satisfaire notre conscience ? Le dictionnaire se garde bien de livrer une méthode.

- Le Larousse, lui, parle simplement "d’état de complète satisfaction", sans faire appel au concept, ô combien difficile à définir, de conscience (il n’y a que des "aspects de conscience", dirait un bouddhiste).

- Toujours pour nos dictionnaires, le bonheur est synonyme de "béatitude, bien-être, félicité" mais peut l’être aussi de "plaisir, de contentement, d’enchantement, d’euphorie, d’extase, de joie ou de satisfaction".

Que disent les neurosciences ?

Le bonheur se situe-t-il dans le cerveau ? L’imagerie cérébrale a montré que des zones bien particulières du cerveau (le cortex préfrontal dorsolatéral, les aires cingulaires et les aires temporales inférieures de leur petits noms) s’activent lorsque l’on ressent certaines émotions positives telles que la joie ou le sentiment du devoir accompli.

En outre, une hormone intéresse tout particulièrement les chercheurs : la sérotonine. Responsable de la régulation des humeurs, elle entraînerait, lorsqu’elle est produite en abondance, un sentiment durable de quiétude et de bien-être. Si personne n’a encore trouvé la recette miracle pour en fabriquer, un comportement bienveillant, un sentiment de gratitude, l’exposition à la lumière du jour, une alimentation équilibrée, une activité physique quotidienne (même une simple marche), la compagnie d’un chien ou encore une pratique régulière de la méditation auraient, chez certaines personnes, une influence sur la production de "l’hormone du bonheur", telle qu’elle est parfois surnommée.

Que disent les psys ?

Tout bon thérapeute vous le dira : chaque individu possède en lui-même ses propres critères. Pour Freud, déjà, le bonheur était un subtil équilibre entre nos désirs les plus profonds et les possibilités que nous avons de les réaliser. Si nous luttons trop pour réprimer nos désirs, le risque de névrose n’est pas loin. Si nous espérons trop en eux, c’est la désillusion qui pointera le bout de son nez. Et c’est pire encore si l’on jalouse ceux qui sont parvenus à réaliser NOS désirs ! Le bonheur est donc rarement permanent. Mais il existe bien des "moments de bonheur".

Quels sont nos désirs les plus profonds ? Certains chercheurs ont proposé une cartographie, même si aucune ne fait l’unanimité. La plus célèbre reste celle du psychologue américain Abraham Maslow, pour qui notre bonheur dépend de notre capacité à combler cinq types de besoin :

- Physiologiques (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil…)

- Se sentir en sécurité

- Se sentir aimé et inséré dans un groupe

- L’estime (de soi et des autres)

- Un besoin d’accomplissement ("faire quelque chose de sa vie")

Mais attention aux dangers de notre imagination ! Notre éducation et notre culture nous poussent parfois à imaginer un bonheur dans le futur, qui dépendrait de nos actions du présent. Or, souvent, dans le futur, nos désirs ont changé. "Gardons-nous donc d’appliquer au bonheur nos propres critères", prévient Daniel Todd Gilbert, chercheur en psychologie sociale à l’université du Colorado, auteur de Et si le bonheur vous tombait dessus. Le bonheur consisterait donc en notre disposition à désirer ce qui nous arrive ici et maintenant, qu’on l’ait anticipé ou non.

Pour "la psychologie positive", il faut donc veiller à constamment tourner notre attention sur les événements positifs de notre vie, et à ressentir de la gratitude à leur égard.

Que disent les philosophes ?

Pour les philosophes hédonistes, le bonheur est synonyme de plaisir, de réalisation des désirs. Pour Thomas Hobbes, le paradis consisterait même en un enchaînement infini de désirs nouveaux, sans-cesse comblés par des plaisirs qui leurs correspondent. Le plaisir n’est d’ailleurs pas nécessairement d’une complexité nébuleuse : pour Epicure, par exemple, il faut se contenter de plaisirs simples (jardiner, lire, discuter, écouter de la musique, savourer le confort d’être sous un toit), seul moyen d’éviter la frustration, la déception ou la peur de ne plus être comblé.

Les stoïciens, souvent confrontés à de nombreux défis (Marc-Aurèle avait un empire à gérer, Epictète a été esclave) avaient une vision un peu plus terre-à-terre. Le bonheur n’est possible que dans l’absence de trouble, "l’ataraxie", ce qui passe par une règle implacable : il ne faut jamais s’attacher à ce qui ne dépend pas de notre volonté, accepter notre sort, et toujours avoir en tête que notre petite zone de confort peut s’écrouler à tout moment.

Plusieurs autres philosophes, Aristote et Platon en tête, identifient tout simplement le bonheur… au fait de philosopher. L’exercice de la raison, la spéculation au sujet des réalités éternelles, les plus profondes de l’être, est le seul moyen d’échapper aux aléas de notre monde matériel, en perpétuel changements.

Enfin pour certains existentialistes, Sartre en tête, il n’y a pas de bonheur absolu, prédéterminé. L’important est de faire un choix, de définir un mode de vie, et de l’assumer, d’habiter pleinement le rôle, de "jouer" à ce que l'on a choisi d'être. Peut-on tout de même changer en cours de route ? "L'homme est à réinventer chaque jour", disait aussi Sartre.

Qu'en disent les religions ? 

Ce sont peut-être, elles, qui ont le plus parlé du bonheur. Mais d’un bonheur bien particulier : le Salut. Pour la majorité des religions, le bonheur ne dépend pas de l’individu seul, mais de la qualité de son lien avec une réalité qui le dépasse : Dieu, les dieux, l’Absolu, le Soi. Les recettes pour s’en approcher peuvent varier : la prière, les rites, la réalisation de commandements divins, la pratique ascétique, la charité…. Et en fonction des traditions, le bonheur est accessible ici-bas… et/ou dans une autre vie.

L’émission Circuits Courts du jeudi 12 avril était consacrée à la question de la mesure du bonheur. Autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek : l’économiste Mickaël Mangot et le sénateur Franck Montaugé débattront du bien-fondé du Bonheur national brut. 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Pour ma part, je me garderai bien de trancher entre ces différentes définitions ! Ici, on se nourrit de tout (ou presque). N’hésitez pas, donc, à me partager votre propre vision du bonheur, via le groupe Facebook "JE CHANGE ! Le développement personnel par Europe 1", au sein duquel vous êtes les bienvenus, ou en commentaire de cet article.