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A.D
Rythme, tonalité, paroles positives et émotions sont autant d'ingrédients qui font qu'une musique peut vous redonner le sourire.
INTERVIEW

La musique adoucit les mœurs, selon le dicton. Elle peut aussi rendre heureux. Karol Beffa, compositeur français au parcours brillantissime - huit prix au conservatoire de Paris, major à Normale Sup' et agrégé de musique - a listé dans l'émission C'est arrivé cette semaine les caractéristiques musicaux qui ont un effet bénéfique sur l'organisme.

"Consolatristes". D'abord, il faut savoir que même les morceaux qui paraissent tristes à l'oreille peuvent paradoxalement avoir un effet positif. Ce sont des musiques "consolatristes", définit le compositeur. A l'écoute, elles semblent avoir un "côté dépressif, avec un rythme plutôt lent" mais ce rythme qui "épouse celui de la marche a quelque chose qui vous accompagne et qui peux contribuer paradoxalement à vous rendre heureux". Un peu comme si celui qui écoute n'était plus seul dans sa mélancolie.

Des musiques rythmées qui entraînent le corps. Et il y a les musiques qui paraissent pimpantes, d’instinct. Des critères "plus ou moins objectifs" ont été recensés pour les identifier. Le critère technique est celui de savoir si la tonalité du morceau est majeure ou mineure. "Une tierce majeure est un peu plus grande qu'une tierce mineure, comme si on s'ouvrait davantage". Plus simple à décrypter, il faut aussi rechercher le critère de la pulsation. "Un rythme très entraînant, rapide" va souvent de pair avec une "musique guillerette". Ces musiques joyeuses sont aussi souvent "chorégraphiques", explique le spécialiste, c'est-à-dire qu'elles "jouent aussi bien avec les corps qu'avec l'oreille". 

"Des paroles positives". Ces critères sont néanmoins à relativiser. Les humains n'étant pas encore des machines, les effets d'une même musique peuvent provoquer des émotions différentes. Raison pour laquelle le compositeur ne croit pas vraiment à la formule mathématique qui serait censée révéler pourquoi un morceau rend heureux. "On a l'impression qu'il (le chercheur Jacob Jolij, ndlr.) avait une liste de tubes et il a fait en sorte que sa formule colle plus ou moins". Dans les critères retenus de cette formule mathématique, Karol Beffa reconnait néanmoins l'importance "des paroles positives", du rythme et du critère majeur/mineur. D'après cette savante équation, c'était Don't stop me now de Queen qui serait la première des chansons qui rendent heureux. Convaincu ?

Quant à la composition, elle ne rend pas forcément heureux, confie le compositeur. Car, comme dans toute oeuvre créatrice, le plaisir s'accompagne de l'angoisse. Ici s'invite le syndrome de la page blanche, auquel il faut ajouter le fait de ne pas être toujours ravi de l'oeuvre accomplie.