Vincent Delerm : "J’espère toucher des gens, pas qu’ils se mettent à danser sur place"

© MIGUEL MEDINA / AFP
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A.D
Le chanteur revient avec un 6è album, A présent, un opus à l'orchestration travaillée où les textes invitent à célébrer la vie, maintenant.
INTERVIEW

Bobo ? Seulement pour ses détracteurs. Depuis plusieurs albums, Vincent Delerm se détache de l'image du chanteur au piano de ses débuts. Cela fait quand même 18 ans qu'il a commencé sa carrière à Rouen, encore étudiant en lettres modernes. Avec A présent, le chanteur sort un album à la production et à orchestration travaillés, dont le but avoué est de procurer l'émotion. Invité dans Europe 1 Music Club il a raconté son processus de création.

"Maturation". "Ecrit dans l’urgence", le disque donne pourtant le sentiment d'un aboutissement. Avant de trouver les textes, il avait déjà mélodies et arrangements et savait de quoi il voulait parler. "C’est un peu comme les dissertations qu’on fait le dimanche, au dernier moment, mais toute la semaine, il y a eu une maturation." L'exemple le plus parlant se trouve peut-être avec la chanson qui a donné son titre au disque, A présentNous sommes le soleil blanc / Juste en sortant du cimetière  / Le boulevard après l'enterrement  / Les visages pales dans la lumière, chante-t-il.

"Porter quelque chose de très vivant". S'il était convaincu de ne pas faire un album en lien les attentats, c'est après avoir fini qu'il s'est rendu compte qu’il y avait une urgence "à célébrer la vie, là, maintenant. C’était assez inconscient mais ça me plait l’idée qu’on peut être Nice, Charlie, Bataclan, et qu’en même temps, on continue à porter quelque chose de très vivant, de très positif, ne serait-ce qu’en mémoire des gens partis." L'idée de ne "pas s’enliser dans cette unique célébration mais dans toute la vie qui nous entoure" traverse l'album entier.

Un duo avec Biolay. Il y a invité Benjamin Biolay pour Les chanteurs sont tous les mêmes. Sur Le garçon, il fait son autoportrait : celui du seul garçon dans le cours de danse, celui qui n’a pas vu La guerre des étoiles... Dans une autre, La dernière fois que je t’ai vu, il parle de son grand-père. Il reprend aussi Comme un géant d’Alain Chamfort, en tant que "fan". C’est une chanson qui est "une manière d’envisager le fait de faire un enfant", commente-t-il.

Avec un nouvel arrangement, éloigné du son 80's, pour l'entendre autrement. "J’aime que les chansons soient touchantes. La seule chose que j’espère, c’est toucher des gens, pas qu’ils se mettent à danser sur place." Vincent Delerm a sa recette, "un mélange de sensibilité et de truc plus carré" pour "attraper les sentiments qui flottent en l'air" et les mettre en mots, en musique et aussi en photos, une autre de ses passions.