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Diane Shenouda, édité par A.H. , modifié à
L'exposition événement débarque à Paris mardi. Si le tableau n'est pas présent, sa passionnante histoire est racontée, appuyée d'esquisses. Europe 1 l'a découverte en avant-première.

Guernica sans Guernica... L'exposition qui s'ouvre mardi au musée Picasso à Paris est aussi particulière que remarquable. Particulière parce que l'exposition consacrée au chef-d'oeuvre de Pablo Picasso se tient sans le tableau en question. Ce dernier, très fragile, ne peut plus quitter le musée Reina Sofia à Madrid, en Espagne.

L'expression du choc de Picasso. Mais cette absence n'enlève rien à cette remarquable exposition. Les visiteurs ont en effet accès à la passionnante histoire du tableau. Au départ, l'Espagne avait passé commande en vue de l'Exposition internationale à Paris en 1937. Picasso devait peindre Le peintre et son modèle dans son atelier. Mais le 26 avril 1937, en pleine guerre civile espagnole, la petite ville basque de Guernica est bombardée. L'artiste est sous le choc.

"Picasso apprend la nouvelle par les journaux. Beaucoup de récits circulent. C'était jour de marché, la plupart des hommes étaient aux champs. Ça a donc principalement touché les femmes et les enfants", observe Emilia Philippot, conservatrice au Musée Picasso. En seulement un mois, l'artiste va peindre une scène de massacre d'innocents, qu'il exécute en noir et blanc. "Soudain, en pleine journée, les ténèbres se sont faits. Le village état en flammes, la fumée noire était partout. On voit s'obscurcir le tableau, avec un traitement très noir du fond", analyse la conservatrice.

Des esquisses prêtées par Madrid. L'exposition montre aussi tout le processus de création de Picasso, pour ce qui va devenir une icône de l'art moderne, mais surtout dénonciation des atrocités de la guerre. Le musée Reina Sofia a prêté de très belles esquisses du peintre : une femme à l'expression terrible, à la douleur insoutenable, portant dans ses bras son enfant mort ; des études de femmes qui pleurent, sujet majeur de Picasso après Guernica ; l'image du taureau, directement inspiré du minotaure ; et surtout une esquisse très puissante du cheval agonisant. 

"Ce cheval a la gueule ouverte. Il souffre car il est percé d'une lance en son flanc. Il y a évidemment des résurgences de la corrida. Par ce biais, c'est le symbole de l'Espagne. Picasso en fait le symbole de la souffrance du peuple espagnol", décrypte Emilia Philippot.

Une inspiration pour les artistes. Picasso a peint Guernica dans son atelier à Paris, sur les quais des Grands Augustins. On découvre un diaporama de photos prises par Dora Mar, la compagne de Picasso, qui montre l'évolution du tableau au fur et à mesure de sa création. "On voit comment Picasso va abandonner le motif du bras levé du soldat, pour finalement le tourner face contre terre et en faire une victime", indique la conservatrice du musée.

Guernica a fait le tour du monde, et continue d'inspirer de nombreux artistes. Cinq Guernica contemporains d'artistes d'aujourd'hui sont exposés, ainsi qu'un dessin de Plantu au lendemain du Bataclan : "Pas la peine d'aller au musée, Guernica est dans la rue".

Guernica, au Musée Picasso à Paris, à voir jusqu'au 29 juillet.