"Un Privé à Babylone" et "L'Héritage des espions" : les coups de cœur des libraires

Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.
  • Copié
Europe1.fr
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Chaque semaine, des libraires extraient des pépites de leurs rayonnages. Ce samedi, Anne-Sophie Rouveloux, de la librairie "Librairie Chronique", à Cachan, et Stanislas Rigot de la librairie "Lamartine", à Paris, nous dévoilent leurs choix dans La voix est livre, sur Europe 1.

Retombées de sombrero et Un Privé à Babylone de Richard Brautigan, aux éditions Christian Bourgois

"J'adore ce grand poète américain, complètement déjanté. Cette fois-ci, on part sur deux de ces romans qui sont réédités chez Christian Bourgois : Retombées de sombrero et Un Privé à Babylone. Le premier est complètement déjanté, c'est un livre très drôle. On part avec un humoriste américain de grand renom qui est en train d'écrire une histoire avec un sombrero qui tombe du ciel et va mettre le bazar dans un petit village, jusqu'à faire des émeutes. Cette histoire-là, elle est en cours d’écriture par cet humoriste. Et cet humoriste est en plein chagrin d'amour. Il pense à son ex-copine qui est une Japonaise. Le roman alterne les passages où l'histoire avec le sombrero s'écrit et ceux où l'humoriste se languit de cette fille, qui est en train de rêver au Japon, qui se promène avec un parapluie sous la pluie. Il y a un côté complètement déjanté.

"Le second, Un Privé à Babylone, est complètement différent. C'est une sorte de parodie de roman policier. Nous sommes en 1942 avec un détective qui fait tout sauf enquêter, une sorte de looser magnifique. Il ne peut pas payer son loyer. Il est obligé d'emprunter des balles de revolver ! Et il passe son temps à rêver à Babylone. Il imagine, là-bas, un détective qui a plein de succès, qui a une femme magnifique. Il rêvasse comme ça toute la journée jusqu'à ce qu'une belle blonde, une première cliente, vienne. Elle le lance sur une affaire où il va devoir aller dérober un cadavre dans une morgue. Mais il n'y a rien qui ne se passe comme prévu. C'est vraiment à mourir de rire ! Il arrive à passer de l'humour potache à une poésie qui est délicate. C'est très mélancolique et en même temps très drôle."

L'Héritage des espions de John Le Carré, aux éditions du Seuil

"On se dit 'encore un John Le Carré' mais non car celui-ci est le meilleur depuis très longtemps. Il propose avec ce roman ce qu'a fait Clint Eastwood pour le western avec Impitoyable, c'est-à-dire à la fois un fantastique hommage au genre, le roman d'espionnage, et un enterrement de première classe. On part en France où un vieil espion passe sa retraite plus ou moins tranquille, avec le poids du passé. Il est étonnamment convoqué par le bureau général des services anglais à Londres. Il arrive là-bas et il va découvrir un univers très loin de ce qu'il a connu. Lui, c'est vraiment l'espion à l'ancienne. A son époque, il n'y avait ni téléphone, ni Internet. Et il arrive dans un centre high tech, porté par une jeune génération plutôt fière, voire arrogante. On va lui demander des comptes sur une vieille affaire qui avait mal tournée avant la chute du mur de Berlin. Il ne comprend pas pourquoi on réveille les fantôme du passé.

"Voilà, ça commence comme ça. Le livre est "inarrêtable", c'est brillamment écrit, d'une intelligence redoutable. J'ai été totalement scotché par ce livre. On retrouve toute la puissance de Le Carré et en même temps, c'est un monde qui s'efface et qui est remplacé par quoi ? On ne sait pas."