"Salafistes", un film à interdire aux moins de 18 ans ?

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Le documentaire, présenté récemment au Fipa de Biarritz, pourrait être interdit aux moins de 18 ans à sa sortie en salles, mercredi. © IROZ GAIZKA / AFP
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Xavier Yvon et T.M. , modifié à
Le film "Salafistes", qui doit sortir mercredi au cinéma, pourrait être interdit aux moins de 18 ans.

Peut-on montrer les djihadistes salafistes "tels qu'ils sont", dans leur violence au quotidien, et leur donner la parole ? C'est tout le débat autour du film Salafistes, un documentaire dont la projection au Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz la semaine dernière a provoqué la polémique. Ce documentaire tourné au Mali, en Mauritanie et en Tunisie est censé sortir mercredi au cinéma. Il pourrait être finalement interdit aux moins de 18 ans.

Le manque de distance pointé du doigt. Ce qui pose problème, c'est le manque de distance. La commission chargée de classifier les films lui reproche de faire l'apologie du terrorisme. Il est vrai que ce documentaire est un montage glaçant. Sans voix off, sans commentaire, il mêle des images très violentes, comme l'amputation d'un voleur au Mali par exemple, à des interviews de "penseurs" salafistes.

On les entend notamment légitimer les attentats du 11 septembre 2001, la tuerie de Charlie Hebdo ou encore le meurtre de juifs. Des propos dérangeants, comme ceux de ce chef djihadiste malien, qui justifie l'application de la Charia par la violence. "Depuis qu'on a commencé, on coupe la main des voleurs. En quelques mois, en quelques semaines, les petites filles sont voilées. Ici, tu ne verras jamais un lieu de bières (sic), une discothèque", explique-t-il devant la caméra.

"Les gens sont assez intelligents pour comprendre ce film". Les auteurs, François Margolin et Lemine Ould M. Salem résument leur démarche dans un court texte au début du film : "les salafistes, ce ne sont pas juste un petit groupe terroriste mais une école de pensée, presque un Etat, qui nous fait la guerre. Ils nous connaissent très bien, nous, très peu". "Ceux qui veulent nous accuser aujourd'hui de servir de tribune pensaient que l'islamiste de façon générale est un petit con sans cerveau", estime Lemine Ould M. Salem au micro d'Europe 1.

"C'est un discours très construit, dit de façon très calme, et c'est sans doute ça qui fait peur", analyse quant à lui François Margolin. "Nous, on fait confiance aux spectateurs et on pense que les gens sont assez mûrs, assez intelligents en France, surtout après ce qu'ils ont vécu, pour comprendre ce film qui nous concerne tous en tant que Français aujourd'hui", continue-t-il.

Un dernier avis de la commission est attendu mardi. Ensuite, la ministre de la Culture décidera ou non d'interdire ce film aux mineurs.