Serge Gainsbourg : ces six chansons à (ré)écouter sans modération

Serge Gainsbourg, dans les années 1960.
Serge Gainsbourg, dans les années 1960. © AFP
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Emilie Mazoyer et Frédéric Goaty, édité par G.P.
Nos deux chroniqueurs musicaux, Emilie Mazoyer et Frédéric Goaty, se livrent à un face-à-face musical dans Europe matin. Ils ont chacun choisi leurs titres préférés de Gainsbourg.

Lundi prochain, Serge Gainsbourg aurait eu 90 ans. Pour l'occasion, Emilie Mazoyer et Frédéric Goaty se livrent à un face-à-face musical dans Europe matin, à travers quelques pépites extraites de son incroyable catalogue de chansons, entre jazz, pop, rock, funk et même rap.

Le poinçonneur des Lilas (1958) / Emilie Mazoyer

Le Poinçonneur des Lilas est la chanson qui ouvre le tout premier album de Serge Gainsbourg en 1958 : Du Chant à la Une. À l'époque, il a 30 ans, une voix de gamin, et ce qui est fantastique avec cette chanson, c’est qu’elle donne vie à ce Monsieur qui n’en peut plus de faire des trous dans des tickets de métro. On le voit, on a tous une image mentale du poinçonneur. Serge Gainsbourg chante moins de trois minutes et nous avons tous un film dans la tête… Magique !

Chez les yé-yé (1963) / Frédéric Goaty

Cinq ans plus tard, le grand Serge était encore jazz et n’avait pas encore fait sa mue pop. Mais il ne faisait pas la moue en écoutant les yé-yé. Il swinguait sévère, comme on disait dans les caves de Saint-Germain-des-Près, tout en implorant une Lolita sans doute empruntée à Nabokov. Bref, les yé-yé façon Gainsbourg, c’est Salut les copains... Pour ceux qui aiment le jazz ! Toute une époque, tout Europe 1, ou presque, en une chanson.

Initials B.B. (1968) / Emilie Mazoyer

Serge Gainsbourg est plus touchant quand il baisse les armes devant une femme. Cette semaine dans Europe matin, on a parlé du couple Gainsbourg-Birkin, mais le couple Gainsbourg-Bardot est tout aussi fascinant. Il est beaucoup trop malin pour elle, mais elle est beaucoup trop belle pour lui. Alors c’est elle qui gagne et quand elle le quitte, au lieu de se venger dans une chanson moqueuse, Gainsbourg fait de Bardot une icône. Et il a tellement peur de ne pas être assez bien pour elle qu’il va piocher la musique dans la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, et une partie des paroles chez Edgar Allan Poe.

Requiem pour un con (1968) / Frédéric Goaty

Pour le film de George Lautner, Le Pacha, Gainsbourg compose un requiem... pour un con. Il s’improvise rappeur avant l’heure. À la batterie, géniale ? Jacky Rault. Et confidence pour confidence, on me souffle dans l’oreillette que le percussionniste pourrait bien être Jean Schultheis.

S.S. In Uruguay (1975) / Emilie Mazoyer

Restons au rayon provoc’. La subversion suprême de Gainsbourg, ce n’est pas le billet de 500 francs brûlé à télé, mais bien l’album Rock around the bunker, sorti 30 ans après la fin de la guerre. À un moment où beaucoup n’osent toujours pas parler des nazis, Serge Gainsbourg les chante ! Lui qui avait porté l’étoile jaune en 1942.

Sorry Angel (1985) / Frédéric Goaty

Après les années reggae avec Aux armes et cætera, Gainsbourg verse quelques larmes dans Sorry Angel, où il ne voit pas d’autre issue au bonheur que le suicide. En 1985, Gainsbourg et son double Gainsbarre, superstar et père fêtard, n’est pas seulement à la tête de la Love On The Beat génération. Sous le masque du travesti, il y avait un homme à fleur de peau qui ne cachait pas ses blessures.