Riss : "On a la rage de continuer et de se marrer"

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Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, était l’invité d’Anne Sinclair, samedi matin. Il s’est exprimé sur les attentats du 13 novembre, à Paris.

"Pour moi, c’était dans la continuité de ce qui s'est passé en janvier." Dix mois après l'attaque terroriste ayant décimé l'équipe de son journal, Riss, le directeur de Charlie Hebdo, est revenu samedi matin, chez Anne Sinclair sur Europe 1, sur les attaques ayant frappé Paris le 13 novembre dernier. 

Le 13 novembre "s'inscrit dans quelque chose de plus long". "J’inscris cela dans un temps plus long que cela. Déjà, c’était un peu inquiétant", a expliqué le dessinateur, sous protection policière comme tous les survivants de Charlie Hebdo depuis l'attaque contre le journal, il y a près d'un an. Pour Laurent Sourisseau, de son vrai nom, "il faut se remémorer ce qu'avait été le procès des caricatures" de Mahomet, en 2007. "On s'était retrouvés sur la sellette pour des choses qui nous semblaient anodines. Déjà, c'était un peu inquiétant, on s'était dit : 'Mais pourquoi est-ce qu'on nous en veut autant pour quelques dessins?'"

Puis, il y a eu l'incendie des locaux du journal, en 2011, ravageant totalement ces derniers. "Il est évident que cela s'inscrit dans quelque chose de plus long", estime Riss pour qui le 13 novembre constitue "une autre étape", presque "le stade ultime". Mais ce qui a changé, ce vendredi-là, c'est que "maintenant, tout le monde dans la société française peut être victime de cette intolérance-là".

"Le pouvoir actuel est dans une situation inédite". "Je crois que le pouvoir actuel est dans une situation quand même assez inédite, que ce soit la police, tout ça... Je crois qu'on est dans quelque chose que personne n'a connu avant. Il faut aussi prendre cela en compte, c'est quand même inédit pour tout le monde, y compris le pouvoir politique". "Il ne faut pas non plus être borné, même s'il ne faut pas s'interdire d'avoir des discours critiques". Pour Riss, "l'état d'urgence n'est pas non plus la disparition du droit, du moins j'ose espérer", a-t-il avancé, alors que la décision du gouvernement est vivement critiquée par certains, notamment du fait de l'assignation à résidence de militants écologistes ou d'extrême-gauche. 


A-t-on le droit de "ne pas être Charlie" ?par Europe1fr

"La rage au ventre". "Personnellement, je vais quand même un peu mieux qu'il y a quelques mois", a rassuré Riss,  gravement blessé à l'épaule droite lorsque les frères Saïd et Chérif Kouachi ont fait irruption ce mercredi 7 janvier 2015, en pleine conférence de rédaction. Près d'un an après cette attaque terroriste et celles ayant frappé Montrouge et l'Hyper Cacher, le dessinateur et directeur de Charlie Hebdo estime néanmoins : "En démocratie on a quand même tous les droits", lorsqu'on l'interroge sur la liberté d'être ou non Charlie, en référence à l'expression "Je suis Charlie", reprise par tous ceux souhaitant exprimer leur solidarité avec le journal. 

L'année 2015 se termine (enfin), mais "tout le monde a encore un peu des séquelles de tout ça", a-t-il ajouté. "On pense toujours un peu à ça, quand même... Dans un coin de notre tête, on sait que tout est possible... encore", a confié celui qui aborde de façon "prudente" l'année 2016. Mais s'il "faut vivre avec cette tristesse, dans le cœur", il "faut aussi avoir la rage au ventre" a reconnu Riss, insistant : "On a quand même la rage de continuer et on a envie de se marrer". 

>> Retrouvez tous les samedis matins de 8h35 à 9 heures, l'entretien d'Anne Sinclair, sur Europe 1 :