René Urtreger, l'histoire d'un roi

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Thierry Geffrotin, édité par G.P.
Europe 1 dresse le portrait de l'immense pianiste de jazz René Urtreger, invité dans Melting Pop à l'occasion de son album "Premier rendez-vous".

Il jouait très bien Chopin et pourtant, il a été recalé au concours du conservatoire de Paris. Mais ce n’est pas grave du tout, ni pour lui, ni pour nous. Son enthousiasme, son énergie, son caractère et son swing rendent René Urtreger unique en son genre.

Avec les plus grands. René Urtreger est né en 1934. Il est donc adolescent lorsque le jazz déboule dans sa vie. Il écoute la radio, achète des 78 tours. Et c’est parti. Enfin c’est mal parti du point de vue de son père. Car devenir jazzman, c’est comme devenir un délinquant, un voyou, avec la drogue qui circule et les mauvaises fréquentations. Côté fréquentation, René Urtreger n'est pourtant pas trop à plaindre. Il a joué avec des légendes du jazz : Lionel Hampton, Stan Getz, Lester Young, Chet Baker et bien sûr Miles Davis, dans la mythique bande originale du film Ascenseur pour l’échafaud. Lui vous dira que ce ne sont pas les noms ou les réputations qui comptent, c’est l’artiste et son art.

Du jazz à la variété. René Urtreger confesse que c’est parce qu’il a vu mourir beaucoup de musiciens et qu’il s’est senti lui aussi en danger qu’il est sorti à un moment de l’univers du jazz pour faire de la variété. Le roi René, jazzman de légende, change donc de registre et côtoie alors Claude François ou encore Patrick Topaloff. Il pouvait se le permettre, parce que son génie du clavier le place tellement haut, que ce genre d’expérience ne le rabaisse pas.

Mais dans Premier rendez-vous, son nouvel album avec la romancière Agnès Desarthe, c'est le jazzman que l'on retrouve. Et quel jazzman ! Je connais René Urtreger, que j’ai eu la chance de le voir jouer de très près. Le nez dans le clavier pratiquement. Croyez moi, et c’est un modeste pianiste qui vous le dit, c’est une leçon de toucher. René Urtreger survole le clavier. Pas de technique apparente, une grâce, un miracle. "La musique du risque", voilà ce que dit René Urtreger à propos du jazz. Avec lui comme improvisateur, on est vraiment en sécurité.