PS Vita, l'offensive anti-smartphones

© Sony Computer Entertainment Inc.
  • Copié
, modifié à
JEUX VIDEO - Afin de contrer les jeux téléchargeables sur smartphones, Sony mise sur la qualité.

"Les amis, ne vous embêtez plus, les consoles de jeux portables, c'est terminé, vous êtes morts. Les tablettes, les smartphones, ça va vous remplacer. C'est un marché qui est définitivement fini." Arnaud Gueydan, responsable "hardware" (consoles) de la filiale française de Sony PlayStation, connaît par cœur le discours actuel sur les consoles de jeux portables. Il s'est même amusé à le rappeler lors de la conférence de presse de présentation de la PS Vita. La dernière née des consoles de jeux portables de Sony, successeur direct de la PSP, sort mercredi.

Plus que jamais, la PS Vita se présente comme la réponse du géant japonais à l'essor des jeux sur smartphones. L'an dernier, le marché du jeu mobile, dématérialisé (pas de cartouches de jeu, un simple téléchargement), a atteint en France 120 millions d'euros, sur un marché global du jeu vidéo estimé à 2,9 milliards par l'institut GfK.

Sony lance sa PS Vita, mercredi :

Wipeout 2048 (930x620)

© Sony

"La PS Vita a été conçue pour répondre aux smartphones, pas pour faire comme les smartphones", souligne Pierrick Fay, le spécialiste jeux vidéo d'Europe 1. "Elle s'adresse en priorité aux joueurs, à ceux qui aiment jouer, ceux qu'on appelle les gamers." L'offensive par le jeu. C'est la tactique clairement employée par Sony. Et pour le lancement, la Vita sort l'artillerie lourde, avec des séries connues des joueurs du monde entier : Rayman Origins, Fifa Football, Virtua Tennis 4, WipeOut...

Pierrick Fay présente cinq jeux de la Vita :

 

"C'est une arme anti-smartphone, dans le sens où c'est une console qui doit attirer le joueur qui n'est pas satisfait de ce qu'il peut trouver sur une tablette." Il n'y a en effet pas grand-chose de comparable en termes de qualité visuelle, d'immersion (mais aussi de prix) entre le hit du téléchargement gratuit Angry Birds et le titre-phare de la Vita lors de ce lancement, Uncharted : Golden abyss (env. 45 euros).

Uncharted sur PS Vita (930x620)

© Sony

Côté technique, la Vita dégaine, entre autres nouveautés, un écran 5 pouces (12,7 cm) doté d'une nouvelle technologie d'affichage (OLED) ainsi qu'une jouabilité repensée, avec deux sticks de part et d'autre de l'écran et une autonomie de cinq heures. Il s'agit d'appuyer là où ça fait mal pour les smartphones, limités en termes d'expérience de jeu, à la fois dans le temps et par l'absence de "boutons".

Navigation tactile et applications

Si la PS Vita entend se différencier des smartphones, elle en reprend aussi clairement certains attributs, signe que la marque japonaise a intégré dans son équation les nouveaux comportements de ses acheteurs potentiels. L'écran principal est tactile, tout comme l'arrière de la console, une sorte de "touch pad" pouvant être utilisée sur certains jeux. La navigation sur l'interface rappelle celle que l'on peut trouver sur un iPhone et plusieurs applications sont également présentes, comme Facebook, Twitter ou FourSquare.

Par ailleurs, la partie graphique est assurée par un circuit déjà embarqué sur les derniers produits Apple, comme l'iPad 2 ou l'iPhone 4S. Ironie de l'histoire, la Vita, qui coûte 250 euros dans le commerce, est aujourd'hui proposée pour un euro avec... avec un abonnement 3 Go chez l’opérateur SFR. De quoi brouiller un peu plus la frontière entre téléphonie et jeux vidéo.

"Comme le marché de la photo"

Chez Sony, on refuse d'opposer consoles portables et smartphones. "Pour nous, l'analogie est assez proche du marché de la photo", considère Arnaud Gueydan au micro d'Europe 1. "Quand vous partez en vacances ou que vous allez à un anniversaire, vous sortez rarement votre smartphone, mais un appareil photo. Il y a deux utilisations et deux marchés complémentaires." On peut même imaginer des joueurs occasionnels sur smartphones devenir ensuite des gamers invétérés "aux commandes" de la Vita...

Pourtant, deux mois après son lancement au Japon, les ventes de la Vita ne décollent pas. "Les jeux sortis sur PS Vita n'étaient pas forcément adaptés au marché japonais", estime Pierrick Fay. "Ce n'est pas, à mon avis, le marché auquel Sony s'adresse en priorité, à la différence de l'Europe et surtout des Etats-Unis." Ebranlé en fin d'année dernière par le piratage de son PlayStation network et en nette position d'outsider par rapport à la Nintendo 3 DS, Sony joue gros sur ce lancement. "Le succès de la Vita, et plus largement des consoles portables, dépendra en grande partie de l'envie des éditeurs de sortir des jeux dessus", conclut Pierrick Fay. La PS Vita est une "arme" très sophistiquée. Mais pas dit que cela suffise à gagner la guerre...