Pourquoi les westerns spaghettis s'appellent-ils ainsi ?

Pour une poignée de dollars - Clint Eastwood - Sergio Leone - western - 1280 Tamasa Distribution
  • Copié
Anaïs Huet
À l'occasion de l'exposition "Il était une fois Sergio Leone" à la Cinémathèque française, des spécialistes nous éclairent sur le "western spaghetti" dans l'émission de Wendy Bouchard.
LE TOUR DE LA QUESTION

Pour une poignée de dollars, Le Bon, la brute et le truand, Il était une fois dans l'Ouest… Des films évidemment cultes, mais aussi et surtout les fiers représentants d'un genre cinématographique à part entière : le western spaghetti. Chez Wendy Bouchard mercredi matin, l'écrivain Louis-Stéphane Ulysse, spécialiste du western, et Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française, nous expliquent ce qui distingue le film de cowboy italien du film de cowboy américain.

Une famille de pionniers. Tout commence au milieu des années 1960. A l'époque, les Américains se lassent des westerns et n'en tournent plus. Le genre est en plein déclin. Mais en Italie, à Rome, un jeune homme s'est lancé, bien décidé à relancer ces films qu'il a tant regardés étant enfant. Ce jeune homme n'est autre que Sergio Leone, raconte Frédéric Bonnaud sur Europe 1. "Les parents de Sergio Leone, dans les années 1910 en Italie, avaient fait les premiers westerns italiens. Sa maman jouait l'Indienne", rappelle-t-il.

Un succès copié des centaines de fois. En 1965 sort Pour une poignée de dollars. "Le film est un triomphe en Italie", souligne le directeur de la Cinémathèque, qui illustre : "Il sort dans une petite salle à Florence, en plein cœur du mois d'août, et il se passe quelque chose qui n'arrive jamais au cinéma : les recettes du lundi sont meilleures que celles du dimanche." 

À l'époque, personne ne parle encore de "western spaghetti", mais les réalisateurs italiens ne s'y trompent pas : il y a de l'argent à se faire avec les westerns. "En quatre ou cinq ans, il va y avoir 500 westerns italiens qui vont sortir. Très vite, ils appellent cela 'western spaghetti', car ça déborde de tous les côtés", nous apprend Frédéric Bonnaud.

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Pour le patron de la Cinémathèque, l'expression "western spaghetti" est la marque de "l'autodérision" des Italiens, "champions du monde" en la matière. "Mais il y a aussi une part xénophobe. À l'époque, le film Pour une poignée de dollars n'est même pas signé Sergio Leone, mais Bob Robertson, car il fallait faire croire que le cinéaste était américain… alors qu'il était romain", souligne-t-il.

Les anti-héros italiens. Mais alors, les westerns américains et italiens sont-ils si différents ? Selon Louis-Stéphane Ulysse, l'un des contrastes réside dans le caractère des personnages. "Avec l'arrivée de la télévision aux Etats-Unis, Hollywood commence à penser des films plus grand que nature. On fait donc des films de plus en plus lourds, mais aussi de plus en plus caricaturaux. Quand Sergio Leone voit cela, il s'agace de voir que tout le monde est gentil. Lui veut des héros tricheurs, mal rasés", note l'écrivain. Et d'ajouter : "Tous ses héros sont d'une grande cruauté, d'un grand sadisme et d'un grand cynisme."

L'exposition "Il était une fois Sergio Leone" démarre mercredi 10 octobre et se poursuit jusqu'au 27 janvier 2019 à la Cinémathèque française, à Paris.