Michel Jonasz : "Une vraie histoire d'amour entre un public et un artiste, ça se concrétise avec la scène"

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A.D
Il y a plus de trente ans, Michel Jonasz partageait son émotion au Palais des Sports. Aujourd'hui, avec les mêmes musiciens, il revient sur le devant de la scène.
INTERVIEW

Au théâtre, au cinéma et en concerts, il a fait ses preuves. C'est dans cette troisième catégorie - la scène - que Michel Jonasz revient, et accompagné. On se souvient de son premier live en février 1985 au Palais des Sport, costume, baskets et chemisettes bariolées en première ligne. Ses complices de plus de trente ans, les musiciens Manu Katché à la batterie, Jean-Yves d'Angelo au piano, mais aussi Jérôme Regard à la contrebasse l'accompagnent à nouveau. Le chanteur était l'invité du Europe 1 Music Club pour son grand retour dans les salles.

Clin d’œil à l'aventure de 1985. "C'était une envie qu'on avait de se retrouver. On avait envie de fêter ça (...) Ça nous a marqué tous cette aventure." Les chansons emblématiques seront elles aussi de la partie : Lucille, La boîte de jazz... Son plus grand souvenir des concerts de l'époque, c'est ce qu'il ressentait au tout début. "Cette impression-là est très particulière. J'étais déjà sur scène et personne ne me voyait. On commençait par Y'a rien qui dure toujours." Clin d’œil, le quartet commence de la même manière que le spectacle d'aujourd'hui. Le plaisir de la scène le pousse, décuplé par rapport à celui du studio, de l'avis du chanteur. "Le disque est pour moi quelque chose qui doit enrichir mon répertoire, le nourrir, mais le but final, pour moi, c'est la scène." Ce qui explique que Michel Jonasz se soit lancé dans deux tournées : l'une piano-voix, s'arrêtera début août et l'autre, la tournée quartet, passera au Palais des Sports le 15 septembre, histoire de boucler la boucle. Les quatre musiciens feront aussi un saut aux Francophonies de la Rochelle et sillonneront les routes de France.

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Faire un succès, ou deux, ou trois, n'a pas vraiment d'intérêt. Ce qui compte, c'est ce lien, invisible, intime, très important, entre le public et l'artiste

A la frontière de la chanson française et du rock. Un autre facteur le pousse au devant du public. Le public justement. Celui-là même qui reprenait ses chansons en 85, en chantant juste qui plus est. "Une vraie histoire d'amour entre un public et un artiste, ça se concrétise avec la scène. C'est ça qui forge, qui enracine cette histoire d'amour dont tous les artistes rêvent. Faire un succès, ou deux, ou trois, n'a pas vraiment d'intérêt. Ce qui compte, c'est ce lien, invisible, intime, très important, entre le public et l'artiste, qui est un cadeau. C'est incroyable d'être artiste, on dépend de l'amour des gens. Une carrière ne doit pas être un but. Pour moi, ça n'a jamais été un but." Ce lien avec le public lui a permis de réaliser son art, une vie qu'il n'imaginait pas à 15 ans quand il arrêté l'école. "J'avais envie de faire quelque chose où j'allais me sentir libre, où je n'allais pas avoir de devoirs à rendre." Il commence même la peinture avant de tomber dans la musique à la croisée des chemins entre la grande tradition française de chansons à textes - Brassens, Ferré, Brel, Piaf - et le rock'n roll.

un nouvel album. Le rock et non pas le jazz comme le laisse croire un peu rapidement l'un de ses plus grands succès, La boîte de jazz. Cette chanson est d'ailleurs tirée d'une histoire vraie : celle d'un Michel Jonasz passant une audition pour être pianiste et qui se fait jeter. "J'ai réussi à transformer un échec en réussite." Ses chansons, d'ailleurs, le racontent en filigrane. "Celui qui chante se dévoile. Il se met à nu. C'est comme parler à un ami qui sait vous écouter. Le but d'une chanson, c'est de mettre en contact avec (...) quelque chose d'intérieur, qui va trouver écho chez celui qui écoute." Michel Jonasz parle avec émotion et fait encore une révélation : il prépare un nouvel album, avec la même envie à 70 ans qu'à 18. Un opus qui devrait sortir en 2018.