Michel Houellebecq se dit "probablement" islamophobe

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G.S. , modifié à
Islamophobe, Houellebecq ? "Probablement, oui", répond le prix Goncourt 2010 dans une interview au Guardian. 

Michel Houellebecq est-il islamophobe ? "Probablement, oui", répond l'écrivain, dans une interview au Guardian. "On peut être effrayé [...] mais le mot 'phobia' signifie davantage 'peur' que 'haine'", s'explique-t-il ensuite, niant toutefois être un provocateur : "un bon provocateur sait jusqu'où aller pour choquer. Je suis incapable de prédire ça. C'est une surprise à chaque fois".

"Dans l'Islam, c'est très ouvert"... L'auteur de Soumission entretient un rapport ambigu à l'Islam. En 2002, il la qualifiait de "religion la plus stupide du monde", avant de revenir sur ses propos récemment, dans la revue littéraire américaine Paris Review. "Le Coran est mieux que je ne le pensais, maintenant que je l'ai lu", écrivait-il, ajoutant que "les djihadistes sont de mauvais musulmans". "Objectivement, il y a juste une petite chance qu'un musulman lise le Coran, ou qu'un chrétien lise la Bible. Ce qui compte vraiment, dans l'Islam comme dans le Christianisme, c'est de savoir qui est le clergé, ou l'intermédiaire, ou l'interprète. Et dans l'Islam, c'est très ouvert", développe-t-il dimanche dans le journal britannique.

"La peur est l'une des choses les plus divertissantes". Dans Soumission, son dernier ouvrage, Michel Houellebecq invente également une France au système politique fissuré. La Fraternité musulmane (parti inventé par l'auteur) bat Marine Le Pen au second tour de la présidentielle grâce à un front républicain. Une révolution de mœurs radicale en découle : le patriarcat, la polygamie, le port du voile, le retour des femmes à la maison. Le narrateur, un universitaire cynique et talentueux, finit par y adhérer, séduit par les valeurs conservatrices du nouveau pouvoir.

"Le rôle d'un roman est de divertir les lecteurs. Et la peur est l'une des choses les plus divertissantes qui soit", s'explique l'auteur. Selon lui, son roman n'est "pas islamophobe". Mais "après les attentats de Charlie Hebdo, en termes de liberté d’expression, il avance aussi que toute personne devrait avoir le droit d'écrire un roman islamophobe", ajoute The Guardian