Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos, routes parallèles

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Les deux comédiens partagent l'affiche du film "Le fidèle" de Michaël R. Roskam, en salles mercredi.

Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos sont à l'affiche, mercredi, du film Le fidèle de Michaël R. Roskam. Les deux comédiens campent un couple, Gino et Bénédicte, qui s'aime follement, mais dont la routine va être mise à mal par les activités malhonnêtes de Gino. Retour sur deux personnalités de la nouvelle génération du septième art francophone, tous deux auréolés du César du meilleur espoir dans leur catégorie respective, en 2013 et 2014.

Il y a une première évidence. Gino et Bénédicte sont faits pour être ensemble. Le fidèle ne perd pas de temps et les deux jeunes gens non plus. Une première rencontre, un premier rendez-vous et déjà une première nuit. "Gigi" et "Bibi" filent le parfait amour, jusqu'à ce que les activités du personnage de Matthias Schoenaerts ne viennent semer le trouble. Et puis il y a une seconde évidence : Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos, ensemble à l'écran. Les deux acteurs écrasent le film de leur talent. Lui dans son rôle de gangster dur au cœur tendre ; elle dans son personnage de femme combattante, inexorablement amoureuse.

On a déjà vu Matthias Schoenaerts dans ce registre. Révélé en 2011 dans Bullhead - déjà de Michaël R. Roskam - le comédien y incarnait Jacky, une brute qui s'injectait des hormones. Pour le rôle, le natif d'Anvers avait pris 27 kilos. Le grand public fera plus amplement sa connaissance dans De rouille et d'os (2012) de Jacques Audiard. Là aussi il incarne une montagne un peu taiseuse, tout comme dans Maryland (2015). Dans une interview aux Inrocks, Matthias Schoenaerts souhaite tout de même tempérer cette constance et met en avant ses autres rôles. "J’ai l’impression qu’on me réduit à Bullhead et De rouille et d’os, mais j’ai fait plein d’autres films et d’autres types de rôles ! Je vais même faire des comédies, des rôles où le type parle tout le temps !", expliquait-il en septembre 2015.

La volonté de ne pas être réduit à un corps, une étiquette. Outre leur révélation au grand public et la consécration par leurs pairs, à un an d'intervalle, Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos partagent cela en commun. Dans une interview à Elle, en octobre dernier, la comédienne évoque ses rôles au cinéma et les séquences dans lesquelles elle peut apparaître nue. "Je me suis dit que je n'en referais plus. (...) J'ai l'impression qu'on me catégorise comme 'fille sexuelle' et ça me lasse", indique-t-elle. "Peut-être parce que j'ai offert mon corps à trop de rôles. Peut-être encore parce que je suis devenue maman et que mon rapport à la nudité, à la pudeur, a changé."

La carrière d'Adèle Exarchopoulos a en effet explosé avec un rôle dans lequel elle se mettait à nue, dans tous les sens du terme. Dans La vie d'Adèle (2013), Adèle mange, pleure, rit, fait l'amour avec un homme, puis une femme (durant huit minutes), le tout filmé au plus près, par la caméra du cinéaste Abdellatif Kechiche. Avec ce film, le cinéma français se trouve une nouvelle grande actrice. Suivront d'autres rôles, dans lesquels Adèle Exarchopoulos interprète tour à tour une anarchiste (Les anarchistes), une détenue de prison (Éperdument), une orpheline (Orpheline). Des rôles à des époques et dans des compositions différentes, mais dans lesquels elle apporte toujours sa singularité, comme si Adèle Exarchopoulos livrait un peu d'elle-même à chaque fois, dans un naturel touchant.

Dans Le fidèle, au milieu de l'agitation, des familles, de la police et des à-côtés, "Gigi" et "Bibi" créent leur bulle pour mieux s'aimer, en espérant que le monde extérieur ne vienne pas la crever. Deux personnages qui aimeraient tracer leur route tranquillement. Les comédiens Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos ont en commun d'avoir déjà bien tracé la leur.