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A.D , modifié à
A l'affiche du film "Les dents, pipi et au lit !", l'actrice est revenue au micro d'Isabelle Morizet sur sa période de transition entre son poste de Miss Météo et ses débuts au cinéma.
INTERVIEW

A l'affiche de la comédie Les dents, pipi et au lit !, Louise Bourgoin était l'invitée de l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. Actrice depuis dix ans déjà, elle a raconté sa période Canal et ses débuts sur grand écran.

Au Grand Journal, "je suis devenue actrice entre guillemets". Elle aurait pu devenir prof d'arts plastiques, ce qui aurait rassuré ses parents. Mais après un Capes raté, pas repassé et la peur d'être enfermée toute sa vie au même poste, elle atterrit à la télé. D'abord dans une émission pour ados, puis comme Miss Météo sur Canal +. Elle avait pourtant redouté le côté sexiste de l'affaire et s'était rendue au casting "en touriste pour donner son DVD démo". Sauf que, bingo, elle décroche le poste. Sur le plateau du Grand journal, ses prestations d'un nouveau genre, plutôt piquantes, marquent un tournant. "J’essayais de vendre au mieux des textes que je trouvais moyennement écrits, écrits par moi, mais je n’étais pas toujours convaincue. Elle s'oblige néanmoins à l'exercice chaque jour, sans engager d’auteur. "Pour vendre des textes moyens, je me surpassais au jeu, c’est comme ça que je suis devenue actrice entre guillemets, pour sauver des textes", explique-t-elle.

"Elle m'a trouvée beaucoup trop coincée". Pour contrer sa peur d'avoir face à elle des invités avec de la répartie, elle testait ses blagues "sur les gens du bureau. Mais très souvent, ils étaient désarçonnés. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’une Miss météo leur envoie des piques." Pourtant, le sentiment d'usurpation perdure. Elle est d'ailleurs totalement surprise quand Fabrice Luchini la suit dans sa loge pour lui dire qu'il ne fera pas son prochain film, La fille de Monaco, sans elle.

Louise Bourgoin croit alors à une plaisanterie. "Je ne m’estimais absolument pas actrice. Lui m'y voyait déjà", dit-elle. Mais avec la réalisatrice, Anne Fontaine, "ce n’était pas gagné. Elle m’a trouvée beaucoup trop coincée quand elle m’a rencontrée. Fabrice a insisté, elle m’a vu quatre fois et elle a fini par me prendre. Elle m’a fait jouer quasiment toutes mes scènes dans son bureau parce qu’elle voulait être sure que j’allais tenir ce rôle. C’était dur à jouer. C’était une espèce de décérébrée avec une énergie folle, une cagole. Elle avait des textes gratinés."

"Je ne me sentais pas en pleine possession de mes moyens". Malgré une nomination au César du meilleur espoir féminin et plusieurs films ensuite, elle n'est toujours pas rassurée. En 2015, elle effectue plusieurs stages de comédie. "Je me sentais trop perdue, j’avais un vrai sentiment d’illégitimité. Je n’avais pas reçu de formation, j’ai vraiment appris en public au travers des films. C’était parfois douloureux, parce que je ne me sentais pas en pleine possession de mes moyens." Aujourd’hui encore, elle continue les cours avec Nicole Fallien, qui est une professeur de chant de la Comédie française. C'est désormais aussi un moyen d'arriver sur un plateau avec des propositions sur ses répliques et ses personnages.