Les trois visages de Jonathan Littell, réalisateur de "Wrong Elements"

En 2006, "Les bienveillantes", vendu à plus de 700.000 exemplaires, sera récompensé par un Prix Goncourt et le grand prix du roman de l'Académie française.
En 2006, "Les bienveillantes", vendu à plus de 700.000 exemplaires, sera récompensé par un Prix Goncourt et le grand prix du roman de l'Académie française. © AFP
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G.P.
Le Franco-Américain Jonathan Littell a réalisé un film sur les enfants soldats au Congo où il questionne le crime de guerre.

Prix Goncourt en 2006 pour Les Bienveillantes, Jonathan Littell est de retour dans l'actualité ce mercredi avec... un film ! Dans le documentaire Wrong Elements, il est parti à la rencontre de quatre anciens enfants soldats, enlevés à l'âge de 12 et 13 ans, dans l'est du Congo. Un long-métrage qui est, en réalité, l'aboutissement d'une réflexion plus large sur le crime de guerre, entamé dès 2006 avec Les Bienveillantes.

L'humanitaire. Mais avant de la traiter par les mots, puis par les images, Jonathan Littell a rencontré l'horreur en face. Humanitaire pendant des années, il a effectué des missions pour Action contre la faim en Bosnie-Herzégovine, pendant la guerre entre 1992 et 1995, mais aussi en Afghanistan, au Congo ou en Tchétchénie. "Il m'est arrivé de me retrouver au milieu d'immenses charniers. On est complètement détaché", confiait-il au Monde en 2006. Une expérience forte, qui a guidé la suite de sa trajectoire, que ce soit comme écrivain ou cinéaste.

L'écrivain. En 2001, Jonathan Littell quitte Action contre la faim pour se consacrer à l'écriture. Pendant cinq années, il va multiplier les recherches pour rédiger son premier roman. Les Bienveillantes raconte l'histoire fictive de Maximilien Aue, un officier SS qui a commis des massacres pendant la Seconde Guerre mondiale. 1.403 pages qui sont l'événement de la rentrée littéraire 2006. L'ouvrage, vendu à plus de 700.000 exemplaires, est récompensé par le Prix Goncourt et le Grand prix du roman de l'Académie française.

Jonathan Littell débarque dans la littérature par la grande porte. Certains crient au génie, d'autres émettent des réserves au sujet d'un livre qu'ils estiment trop académique et parfois peu crédible. "Les Bienveillantes de Jonathan Littell est un gigantesque canular", fustigeait par exemple Le Figaro lors de la sortie du roman.

Le cinéaste. Jonathan Littell est de retour en 2017, mais cette fois caméra en main. Wrong Elements sort dans les salles ce mercredi et une fois de plus, le Franco-Américain nous confronte à l'horreur de la guerre. Jonathan Littell n'a jamais quitté les champs de bataille, même après les honneurs littéraires. En effet, après 2006, il a effectué plusieurs reportages sur des conflits pour la revue XXI et Le Monde. C'est d'ailleurs un de ses articles pour le quotidien au sujet de la LRA (Lord’s Resistance Army), dans l'est du Congo, qui lui a donné envie de prolonger le sujet en film. "Le reportage avait laissé des questions ouvertes. Des questions morales, autour de la responsabilité et du meurtre que l’agencement particulier de ce groupe (la LRA, ndlr) permettait de creuser très loin", indique-t-il au Monde pour expliquer sa démarche. Ou comment les tourments d'hier sont devenues les questions du présent.