Les télé-crochets, mirage ou véritable tremplin pour les artistes ?

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Ugo Pascolo
Le chanteur Amir, et le journaliste musical Jean-Eric Perrin ont débattu vendredi matin au micro de Wendy Bouchard de l'utilité des télé-crochets pour des jeunes chanteurs qui veulent percer. Est-ce un passage obligé, ou une simple illusion de popularité fugace ?
LE TOUR DE LA QUESTION

Les télé-crochets comme The Voice ou Nouvelle Star sont-ils aujourd'hui devenus un passage obligé pour les chanteurs qui veulent percer ? Alors que la France rend ce vendredi un hommage national à l'une de ses plus grande voix, Charles Aznavour, aux Invalides, le chanteur Amir, révélé dans The Voice et le journaliste musical Jean-Éric Perrin, auteur de "Qui veut la peau de la chanson française ?" aux éditions du Moment, ont débattu de l'importance de ces télé-crochets pour le début de carrière d'un chanteur, au micro de Wendy Bouchard. S'ils n'ont pas le même avis sur les télé-crochets, les deux hommes s'accordent sur un point : le plus difficile, c'est de durer. 

Pour Jean-Éric Perrin, le télé-crochet "est un mirage"

"Je ne suis pas persuadé que les télé-crochets constituent un accélérateur de carrière, un tremplin", explique d'emblée Jean-Éric Perrin sur Europe 1. "C'est un mirage : jusqu'à preuve du contraire, l'intérêt que l'on a pour un chanteur passe d'abord par ses chansons", lance-t-il. "Or toutes ces émissions sont dédiées à l'observation de puissance vocale et d'interprétation de chansons d'autres personnes. Effectivement, il y a des artistes qui arrivent à s'en extirper, comme Amir, Julien Doré [vainqueur de la cinquième saison de "Nouvelle Star" en 2007, ndlr], ou d'autres", déroule-t-il. "Mais, si on regarde tous les gens qui ont triomphé, ou ont été en finale, dans ces émissions, quelques années plus tard, il ne reste plus grand monde", analyse-t-il. "Et ceux qui sont encore là avaient quelque chose en plus".

"Lorsque l'on passe d'un concours où l'on est juste là pour interpréter les chansons d'un autre, au stade où il faut proposer quelque chose d’original au public, quelque chose qui vous ressemble, c'est là qu'il y a un écueil à franchir", poursuit Jean-Éric Perrin, avant de conclure : "Il est évident que si Charles Aznavour, avec sa petit voix enrouée, et d'autres artistes qui ont eu une carrière phénoménale auraient pu s'inscrire à ces télé-crochets, ils n'auraient jamais passé les étapes". 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

"Le nouveau moyen pour découvrir des artistes", juge Amir

"Bien évidemment, les gens qui se font remarquer dans les télé-crochets le sont grâce à leur talent d'interprète", admet de son côté Amir, finaliste de la troisième saison de The Voice. "Mais ça ancre dans le public une certaine curiosité pour découvrir la suite", justifie celui qui est aujourd'hui disque de platine avec son dernier album Addictions. "Et s'ils ont de la chance, s'ils font les bons choix, ils peuvent sortir un morceau ou un album qui leur ressemble relativement vite après ces émissions, et quelque part, transformer l'essai, faire leurs preuves".

Le chanteur, qui a représenté la France à l'Eurovision en 2016, sait d'ailleurs l'importance du public pour accomplir cette quête de reconnaissance. "Le public est suffisamment intelligent ou sensible pour pouvoir allier l'un à l'autre et se dire 'tiens, cet artiste me plaît parce qu'entre ses reprises et ses morceaux, je suis touché et j'ai envie de le suivre'", confie-t-il. "Alors oui, ça marche pour certains et moins pour d'autres, il y a effectivement un facteur chance incontrôlable, mais je considère que ces télé-crochets sont d'une grande aide et qu'ils permettent de se faire remarquer", poursuit Amir. "Sans eux, ce serait beaucoup plus difficile d'atteindre un public aussi large".

Et le chanteur découvert par The Voice d'appuyer son argumentation en assurant que plein d'artistes issus des télé-crochets figurent "dans le classement des meilleures ventes d'album ou des titres les plus écoutés à la radio". "Ce n'est pas un hasard ! Aujourd'hui, c'est le nouveau moyen pour découvrir des artistes, un chemin totalement légitime et qui est accepté par le public", conclut-il. Les chiffres lui donnent pour le coupe raison : Kenji Girac, vainqueur de The Voice 2014, pointait fin septembre en seconde position des meilleures ventes d'album de la semaine. Quant à Louane, révélée un an plus tôt dans la même émission et qui a explosé aux yeux du grand public avec La famille Bélier, son album éponyme est le 12ème le plus vendu de l'année 2018 en France.