Dans la famille Dumas, je voudrais le grand-père, le père, le fils... et la fille. Car oui, Alexandre Dumas père a aussi eu une fille, Marie Alexandre. Dans Les Dumas : bâtards magnifiques (éditions La Librairie Vuibert), le dernier livre de Claude Schopp et Sylvain Ledda, tous deux spécialistes d'Alexandre Dumas, on (re)découvre son histoire. Et plus largement celles des membres de cette célèbre famille.
Le grand-père, un "Diable noir". "Tout ou presque est dit dans ce surnom de diable noir, assure Claude Schopp, invité de la Voix est livre. C'est un métis. Il est né d'un mauvais petit aristocrate normand qui s'est exilé dans les îles, à Haïti aujourd'hui." Ce petit aristocrate a plusieurs maîtresses esclaves successives. Il décide de rentrer en Normandie lorsqu'il apprend la mort de son père. "C'est alors qu'il a ce geste incroyable, raconte Claude Schopp. Il n'a pas d'argent et que fait-il pour rejoindre la France ? Il vend son fils cadet (le futur diable noir) mais avec le droit de le racheter plus tard."
Le futur général finit par arriver en catimini en France. Il s'engage alors dans l'armée. Et est très rapidement confronté au racisme. "Il y a la couleur, concède Claude Schopp. Mais il y a aussi la force. C’est un homme admirable physiquement, très grand pour l'époque, 1m85. Et d’une force gigantesque. On dit qu’il passe sous un arbre à cheval, il réussit à soulever le cheval entre ses jambes." Une force qui lui vaudra ce surnom de diable noir.
Le père, "la célébrité du jour au lendemain". Alexandre Dumas père décide de partir de Villers-Cotterêts pour Paris. "Il vient avec l'intention d’être écrivain mais il n’en n’a pas les moyens et il le sait, rappelle Claude Schopp. Il n’a pas, comme Victor Hugo par exemple, été dans les bons lycées ou collèges donc il se sent inculte." Pour rattraper son retard, il lit énormément. "C'est un lecteur assoiffé, confirme le spécialiste. En 5 ans, il se fait une culture !" Le tout avant d'accéder à la gloire grâce au théâtre : "C’est un jeune dramaturge inconnu qui arrive au théâtre et le lendemain c’est la célébrité du jour."
Le fils abandonné et adoré. Au départ, Alexandre Dumas fils n'est par reconnu par son père. "Alexandre Dumas père est trop jeune, il a 22 ans, explique Claude Schopp. Il se voit mal être condamné à n’être qu’un père, sans moyens et sans possibilités d’élever son fils. Mais ce premier mouvement de recul par rapport à la paternité va ensuite se traduire par une relation fusionnelle entre le père et le fils."
La fille, une "folle géniale". Marie Alexandre, la fille d'Alexandre Dumas père a été complètement oubliée par l'histoire. "Peut-être parce qu’elle n’avait pas de talent suffisant, analyse Claude Schopp. Elle a essayé d’aller dans toutes sortes de choses comme la peinture ou les romans très autobiographiques. Finalement, elle est peut-être trop moderne pour l'époque, elle fait de l'autofiction." Cette femme a aussi de véritables moments de folie. "Par exemple, lorsqu'elle n'est pas d'accord avec son père et qu’elle habite chez lui, lorsqu'il revient, il retrouve la maison sans dessus dessous, tout est cassé à l'intérieur et la jeune femme est partie. Mais comme toutes les folles, elle est géniale quelque fois."