Léonard de Vinci à la Cité des Sciences

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L’exposition Léonard de Vinci, projets, dessins, machines propose, à travers six thèmes-clés, une chronologie interactive pour approcher son œuvre.

"L’eau des fleuves est la dernière eau qui s’en va et la première qui arrive. Ainsi va le temps présent. Une vie bien remplie est longue."  Parlons-en. Il n’était pas seulement un artiste, un poète, un philosophe, ou un écrivain. Il était aussi un scientifique, un ingénieur, un inventeur, un anatomiste, un peintre, un sculpteur, un architecte, un urbaniste, un botaniste, et même, un musicien … Léonard de Vinci. L’homme de la Renaissance, par excellence, homme de génie qui sut emprunter à tous les domaines pour créer dans toutes les disciplines. C’est ce décloisonnement qui a fait l’apanage de la Renaissance et qui, chez Léonard, trouve une forme particulièrement foisonnante.
 

Rêves techniques

 A peine entré à l’exposition Léonard de Vinci, projets, dessins, machines qui se tient en ce moment à la Cité des Sciences, toutes les têtes sont renversées, les yeux rivés sur une reproduction à grande échelle de la grue de Brunelleschi haute de quatre mètres cinquante. L’objet a contribué dans la réalité à l’achèvement du Dôme de la Cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence pendant la Renaissance, alors que Léonard était encore l’élève d’Andrea del Verrocchio.  

L’exposition est truffée d’engins étonnants, pour la plupart réalisés à partir des dessins de l’artiste. Ces machines, œuvres d’un groupe d’ingénieurs qui, en 1952, à l’occasion du 500e anniversaire de sa naissance, furent chargé de les réaliser, ont été exceptionnellement mises à disposition par le Musée de la science et de la technologie de Milan.

Des plus spectaculaires, une arbalète géante,  un char de guerre blindé en forme de tortue ou une catapulte à ressorts… au plus comiques, une arme pour défoncer les coques de bateaux (sorte de gros tire-bouchon), un scaphandre de plongée et gants palmés, ou encore un char automobile, les projets de machines du maître oscillent entre rêve technique et invention redoutablement efficace. D’ailleurs, si les armes de guerres sont très représentées, c’est que Léonard de Vinci est entré au service du duc de Milan, Ludovic Sforza, dit le More, en vantant ses mérites d’ingénieur militaire. Mais même s’agissant de ces machines de mort, et au-delà du défi technique qu’elles représentent, il y a toujours dans les créations de Léonard de Vinci, quelque chose qui relève du jeu, du rêve, en tout cas du plaisir ; une formidable efficacité de la structure alliée à la beauté du trait…

La machine volante, quête de toute une vie

Dans certaines salles, il est possible d’éprouver les lois physiques sur lesquelles Léonard s’est appuyées. A l’aide d’une manipulation, on sent que la multiplication des poulies permet d’alléger une charge, on provoque soi-même la transmission du mouvement grâce à un engrenage. Dans d’autres salles, on est fasciné par la précision des innombrables dessins, schéma, croquis, laissés par l’artiste. 

Léonard de Vinci a fait de la machine volante la quête de toute sa vie. Il cherche, en observant la Nature, la correspondance des formes et des forces, afin de dégager les lois qui régissent le mouvement dans l’univers. Il le sait : "Bien que la subtilité humaine produise des inventions variées qui par des moyens différents concourent à une fin identique, elle n’en découvrira jamais de plus belles, de plus simples, et de plus directes que celles de la Nature où il n’y a aucune lacune." Il se préoccupe d’abord de la mécanique du vol qui aboutira notamment à son merveilleux vaisseau volant, aéronef ailé inspiré de la chauve-souris ! Puis, son analyse du principe de la résistance de l’air l’amène à privilégier le vol plané comme le montre son projet de planeur. Il conceptualise encore un parachute et une vis aérienne à aile tournante…

Et sa démarche d’observation des stratégies de la Nature anime aujourd’hui tout un champ de recherche appelé "biomimétisme" ou "bioinspiration".  Une partie de l’exposition est consacrée à ces travaux. On découvre par exemple Octave, le robot qui vole comme une abeille ou un robot anguille électronique conçu pour évoluer en milieu opaque.

Léonard de Vinci n’a donc pas fini de nous fasciner par sa modernité et par la puissance de son imagination. Friedrich Nietzche  ne disait-il pas de lui : "Ainsi naissent ces êtres merveilleux, insaisissables et inconcevables, ces énigmes humaines vouées à la victoire et à la séduction, dont les plus beaux exemples furent Alcibiade et césar, […] et parmi les artistes peut être Léonard de Vinci" ?

Exposition Léonard de Vinci, projets, dessins, machines

Du 23 octobre au 18 août 2013 à la Cité des Sciences et de l’Industrie avec Europe 1.