Le prix de Flore à Nina Yargekov pour "Double nationalité"

Nina Yargekov
Nina Yargekov explore le thème de l'identité dans l'ensemble de son oeuvre. © DR
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avec AFP , modifié à
Le jury, présidé par Frédéric Beigbeder, a récompensé une enquête loufoque et irrésistible sur le thème de l'identité cher à la romancière de 36 ans.

La romancière Nina Yargekov a reçu mardi le prix de Flore pour Double nationalité (P.O.L.) un roman jubilatoire sur la perte de la mémoire et l'identité. Nina Yargekov a été choisie au deuxième tour par 7 voix contre 3 à Cédric Gras (Anthracite, Stock) et également 3 voix à Boris Bergmann (Déserteur, Calmann-Levy).

Le thème de l'identité est constant chez la romancière âgée de 36 ans et d'origine hongroise. Dans Tuer Catherine (2009), la narratrice cherchait à se débarrasser de "Catherine", une entité qui avait pris possession d'elle. Dans Vous serez mes témoins (2011), une femme trop triste finissait devant un tribunal pour imposture émotionnelle.

Beaucoup de rires et des questions graves. Double nationalité reprend ce thème de façon loufoque et irrésistible. Qui est Rkvaa Nnoyeig, la narratrice ? On la découvre dans un aéroport parisien, avec une valise (normal dans un aéroport), un diadème dans les cheveux (on commence à s'interroger) et deux passeports, deux téléphones portables, deux porte-monnaie dans son sac! Rkvaa est totalement amnésique ! Elle ne se souvient de rien sinon qu'elle aime... Enrico Macias.

Nous sommes entraînés dans une enquête délirante pour savoir enfin à qui nous avons affaire. Le livre est écrit à la deuxième personne du pluriel. Finalement, on parle de Rkvaa ou de nous ? Nina Yargekov nous plonge dans la tête de son héroïne, traductrice-interprète comme elle. Si l'on rit souvent en lisant Double nationalité (près de 700 pages) on ne peut s'empêcher de s'interroger sur des questions graves : peut-on avoir deux cultures ? deux nationalités ? deux langues ?

Le jury du prix de Flore, présidé par Frédéric Beigbeder, est composé de Jacques Braunstein, Manuel Carcassonne, Carole Chrétiennot, Michèle Fitoussi, Jean-René Van Der Plaetsen, François Reynaert, Jean-Pierre Saccani, Bertrand de Saint-Vincent, Christophe Tison, Philippe Vandel et Arnaud Viviant. Le prix consiste en un chèque de 6.100 euros ainsi qu'un verre de Pouilly gravé au nom du lauréat, "à consommer sans modération" durant une année au Café de Flore, à Paris.