"Kong", "Jeu blanc", "La fourmi rouge" et "Grandeur et décadence" : les coups de cœur des libraires

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A.D , modifié à
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Les romans ne manquent pas, surtout peu après la rentrée littéraire. Parmi des centaines de nouveaux livres, les libraires ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Anne-Sophie Rouveloux de la librairie "Chroniques" à Cachan et Anaïs Ballin de la librairie "L’Ecriture" à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine, nous dévoilent leurs choix, dans La voix est livre, sur Europe 1.

 

Kong de Michel Le Bris, chez Grasset

"Le roman va raconter l'histoire des deux réalisateurs de King Kong en 1933, Ernest Schoedsack et Merian Cooper. Ce qui est génial, c'est qu'on va les suivre pendant 14 ans, on va vivre une vraie aventure humaine avec eux. On les suit depuis la fin de la Première Guerre mondiale. On va être avec eux sur leur premier tournage, ça va nous emporter partout, en Indonésie, en Thaïlande, en Abyssinie. Ils prenaient des risques de fous avec des tigres, tout ça parce qu'ils étaient à la recherche d'un idéal. Ils voulaient faire leur roman du réel." (Anne-Sophie Rouveloux).

"C'est le cheminement qui les conduit jusqu'à King Kong", souligne Nicolas Carreau. "Ce livre n'a pas eu la presse qu'il mérite, un peu mais pas assez. Il est sur deux prix : l'Académie française et Femina. J'espère qu'il en aura un des deux, c'est un grand livre."

Jeu blanc de Richard Wagameze, aux éditions Zoé

"C'est un auteur canadien indigène, originaire de la tribu des Ojibwés dans l'Ontario. Cet auteur a écrit 13 romans, c'est seulement le deuxième qui est traduit. Il raconte ici l'histoire de Saul Indian Horse, un garçon qui appartient à la tribu des Ojibwés et qui va être capturé par les Anglo-Saxons, mis dans un internat, séparé de sa famille qu'il ne retrouvera jamais. C'est incroyable, splendide. On n'est pas dans un grand lyrisme ou des grandes phrases, mais dans quelque chose de très ciselé, de très précis. On va rentrer dans une partie de l'Histoire du Canada, avec un peuple qu'on décime. le jeune garçon va être brisé par cette vie à l'internat. ce qui va le sortir de là, c'est le hockey-sur-glace et même si on n'y connaît pas grand-chose, on rentre complètement dedans. C'est solaire." (Anaïs Ballin).

 

La fourmi rouge d'Emilie Chazerand aux éditions Sarbacane

"C'est un roman pour ado (collection Exprime) mais je conseille aux adultes de l'acheter. On est avec Vania Strudel, une adolescente de 15 ans. Comme elle le dit elle-même, pour commencer dans la vie avec un nom comme ça, c'est un peu compliqué, surtout que la jeune femme a un souci qui fait que sa paupière tombe sur son œil. Elle est aussi un peu une catastrophe ambulante. La galerie de personnages est excellente, avec sa meilleure amie atteinte du fish odor syndrom, c'est-à-dire qu'elle sent mauvais, ou encore son père est taxidermiste. C'est drôle, mais en même temps il y a quelque chose. On rit et à la fin, on verse une petite larme." (Anne-Sophie Rouveloux).

 

Grandeur et décadence de Liv Strömquist aux éditions Rackham

C'est une BD d'une auteure suédoise que j'attendais beaucoup parce que j'ai beaucoup aimé ses deux premières, L'origine du monde et Les amours du prince Charles. J'avais adoré la première où elle parlait exclusivement du sexe féminin et tout ce que ça avait pu valoir aux femmes d'oppression. Là, c'est encore très engagé, très subversif et très drôle. Elle a un humour noir complètement décapant. Elle s'attaque à des clichés, des grands principes très détachés de la réalité. Elle dénonce la représentation d'une certaine élite bien pensante dans laquelle elle s'intègre, des inégalités sociales, économiques. Elle le fait très bien, c'est très documenté. Au niveau de la mise en page, c'est très intéressant, elle déconstruit complètement la case classique, elle joue beaucoup sur la typographie." (Anaïs Ballin).