Game over pour la cartouche de jeu vidéo ?

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La sortie de la PSP Go, avec ses jeux directement téléchargés dans la console, remet en cause la nécessité du support physique.

On se passe bien du CD pour la musique et de la pellicule pour la photo. Pourquoi ne se passerait-on pas de la cartouche ou CD pour les jeux vidéo ? Avec la mise sur le marché, début octobre, de la PSP Go, console qui fonctionne sans cartouche de jeu ni minidisque, Sony pose la question de la fin du support physique dans le jeu vidéo.

"La dématérialisation est déjà une tendance de fond", estime Tristan Bruchet, analyste chez GfK. Et selon cette société d’études, le marché du jeu dématérialisé double de taille tous les ans en France. Il est estimé à 100 millions d’euros en 2009 – contre 1,2 milliard pour les titres sur support physique.

De fait, Sony, Nintendo et Microsoft se sont déjà engagés dans la dématérialisation du jeu vidéo pour les consoles de salon ou portables – sans parler du jeu vidéo sur ordinateur. La PS3, la Wii et la Xbox 360 possèdent chacune un catalogue plus ou moins important de jeux en téléchargement. Il s’agit généralement de jeux anciens, qu’on ne trouve plus dans le commerce, ou de petits jeux – plus courts et moins chers à développer – spécialement créés pour la vente par téléchargement.

"L’iPod (avec ses 21.178 jeux disponibles en téléchargement) a prouvé qu’il y a un marché pour le jeu dématérialisé", reconnaît Richard Brunois, directeur de la communication chez Sony. La PSP Go correspond ainsi à "une évolution tout à fait logique dans l’univers du divertissement. Cela répond à un besoin différent pour un public différent, des gens d’un certain âge, habitués au téléchargement", renchérit Emmanuelle Renon, responsable de la communication de l’entreprise japonaise.

Cette évolution signifie-t-elle pour autant la mort du "jeu boîte", qui entraînerait, par ricochet, celle des magasins de jeux vidéo, mais ferait le bonheur des éditeurs (Ubisoft, Electronic Arts, etc.) ? "Pas du tout", rétorque-t-on chez Sony. "On n’est pas en train de faire mourir l’UMD (les minidisques de jeu de la PSP). On ne veut pas pénaliser les magasins. Et il y a un souci d’équité vis-à-vis de ceux qui ont déjà une PSP."

"Le 'jeu boîte' avec un cercle de distribution classique reste la voie royale", affirme Julien Verdier, responsable de la communication chez Microsoft, pour qui une industrie du jeu vidéo complètement dématérialisée est "une vision fantasmée" : "Ce serait se priver de la majorité des clients, car toutes les consoles ne sont pas encore connectées à Internet, tout le monde n’est pas prêt. On pourrait comparer cela à la VOD : Tout le monde ne peut pas y prétendre et se dire "on va se passer du DVD". Sans parler du plaisir de la possession physique, qui reste important." Conclusion de Julien Verdier : "Le 'jeu boîte'" a de beaux jours devant lui."