Fraude aux quotas carbone : "Le cinéma a une fonction morale", assure Olivier Marchal

Olivier Marchal, Europe 1, 1280
Dans son film Carbone, Olivier Marchal a "voulu que l'on s'attache aux personnages". © Europe 1
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G.D.
Le film "Carbone" d'Olivier Marchal sort mercredi en salles. S'il s'est inspiré de l'affaire de la fraude à la TVA sur les quotas de carbone, le réalisateur a volontairement "pris des distances avec la véritable histoire".
INTERVIEW

"J'ai voulu que l'on s'attache aux personnages." Voilà pourquoi dans son film Carbone, Olivier Marchal a "pris des distances avec la véritable histoire" de l'affaire de la fraude à la TVA sur les quotas de carbone, dont il s'est inspiré. Les escrocs avaient profité du Système communautaire d'échange de quotas d'émission de CO2 instauré par l'Union européenne en 2005.

Concrètement, les entreprises européennes qui n'atteignaient pas le quota fixé par l'UE étaient autorisées à revendre le reste de leur "droit à polluer" aux sociétés qui en avaient besoin. Les malfaiteurs avaient créé des sociétés fictives par lesquelles ils faisaient transiter ces quotas et empochaient la TVA, applicable sur ces transactions, sans les reverser à l'Etat, lors de la revente.

"J'ai voulu que le public puisse s'identifier." "Même s'ils ont du bagout, qu'ils ont été brillants dans leur escroquerie, je ne pense pas que ce soit des gens très attachants. J'ai voulu que le public puisse s'identifier à un petit chef d'entreprise qui perd sa boîte et qui, par son expert comptable, a l'idée de cette arnaque à la TVA", confie Olivier Marchal dans l'émission Hondelatte raconte sur Europe 1. Il y a toutefois "trois, quatre grandes phases" de l'histoire que l'on retrouve dans le film "qui sont vraies".

"Je pense que le cinéma a une fonction morale", précise le réalisateur qui a fait de son film "une histoire de famille". "Ce qui m'a intéressé, c'est justement la collusion avec le grand banditisme. C'est là où les emmerdes ont vraiment commencé parce qu'ils ont eu besoin de s'acoquiner avec de gros voyous qui ont voulu leur part du gâteau", ajoute-t-il.

"C'était à moi de les rendre attachants." "J’ai de la fascination, pas de l’admiration mais de la fascination, pour les grosses équipes de braqueurs" mais "là on a affaire à des petits escrocs qui n’ont pas grand intérêt humainement", lâche Olivier Marchal. Il conclut finalement en disant : "C'était à moi de les rendre attachants et d'en faire des héros de cinéma, en ayant une fin morale. (...) Tout se finit mal et c'est ça qui comptait pour moi." Rendez-vous mercredi dans les salles pour constater le rendu à l'écran.