Florian Zeller : "C'est presque par hasard que j'ai découvert le théâtre"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Florian Zeller a expliqué à Isabelle Morizet sur Europe 1, qu'il ne s'attendait pas à devenir auteur de théâtre un jour. Aujourd'hui, son succès dans le domaine parle pour lui, au-delà des frontières de l'Hexagone.
INTERVIEW

"Ecrire du théâtre, ce n'était pas quelque chose auquel je m'attendais." La confidence de Florian Zeller au micro d'Isabelle Morizet sur Europe 1 a de quoi surprendre au regard du succès qu'il rencontre aujourd'hui en tant qu'auteur de théâtre. S'il s'est d'abord fait connaître pour ses romans, il est aujourd'hui l'un des trois auteurs de théâtre français les plus joués dans le monde.

"Mon rêve s'était cristallisé autour de l'écriture romanesque et c'est presque par hasard que j'ai découvert le théâtre", confie-t-il. Ce hasard, c'est un désistement "en dernière minute" de Françoise Sagan pour "écrire une sorte de petite pièce narrative à l'intérieur d'un opéra". Recommander Florian Zeller au metteur en scène "était sans doute une façon habile et délicate de sa part de se décommander", plaisante-t-il.

S'"il s'agissait déjà d'écrire pour des acteurs", celui dont la pièce à succès Le Fils est reprise depuis le 13 septembre à la Comédie des Champs-Elysées, y est "allé en pensant (s)'approcher de l'univers de la musique, qui (l)'attirait beaucoup. (...) En fait, j'ai découvert ce rendez-vous là avec le théâtre" : "Comme on tombe amoureux, je suis tombé vraiment amoureux de ce que j'ignorais jusque là."

"J'aime dans le théâtre, le fait d'être caché"

"Il y a comme une question à laquelle j'avais envie d'avoir une réponse et j'ai commencé à m'y intéresser sans imaginer une seconde que ça prendrait autant de place dans ma vie, sans imaginer que ça me rendrait si heureux et si inquiet à la fois", ajoute-t-il. Car oui, "le théâtre m'oblige à la joie", explique Florian Zeller, qui se décrit comme "quelqu'un qui pourrait (se) laisser trop facilement gagner par la mélancolie ou par la noirceur": "Le théâtre est fait de joie, de vitalité et d'énergie. Pas forcément de bonheur, mais de joie." Par ailleurs, l'auteur à succès "aime dans le théâtre, le fait d'être caché, de ne pas avoir à parler" : "Ce sont davantage les comédiens qui sont les porte-parole de ce qu'on essaie de raconter."

Il avoue également être animé par "le désir de partager" et "le théâtre, c'est vraiment l'art du partage". "On est avec le public, on le sent. Quand une pièce n'est pas bien reçue, on le sent, c'est quelque chose de très concret. On assiste à la réception de son travail", décrit Florian Zeller. Et "quand un public rejette une pièce, un spectacle, il y a une raison", estime-t-il : "Ça m'est arrivé d'avoir des spectacles dont je sentais qu'il y avait une sorte de malentendu. C'était important pour moi de comprendre que c'était moi qui m'étais trompé."

Le théâtre, un rendez-vous avec soi-même

"Le théâtre est fait pour venir chercher le public, pour le tenir et pour ne pas le lâcher. (...) Ce qui importe, c'est que le public ait l'impression que l'on parle de sa vie. On vient bien chercher quelque chose quand on va au théâtre. C'est formidable pour se divertir, mais aussi pour se regarder dans un miroir, parfois déformant, mais qui nous renvoie à nous-même, dans lequel on peut se perdre, tenter de se retrouver. C'est un rendez-vous. Pas simplement avec les acteurs qu'ils aiment et qu'ils viennent voir. C'est un rendez-vous bien souvent avec eux", analyse Florian Zeller.

Florian Zeller, lui, n'a pas manqué son rendez-vous avec le théâtre. Son prochain rendez-vous est avec le cinéma. L'année prochaine, il va endosser le costume de réalisateur et dirigera le célèbre acteur américain Anthony Hopkins pour l'adaptation de sa pièce Le Père, sur grand écran.