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A.D , modifié à
A quelques heures de la remise des prix au Palais du Festival de Cannes, retour sur les films de Robin Campillo, Michael Haneke et François Ozon.
INTERVIEW

Juste avant le palmarès de la 70e édition du Festival de Cannes, Un dimanche de cinéma a consacré son émission à la Croisette. Retour sur trois films en compétition.

Adèle Haenel et Robin Campillo, actrice et réalisateur de 120 battements par minuteLe film fait partie des favoris pour le palmarès. L'histoire se déroule la fin des années 1980, début des années 90. A l'époque, le Sida fait de nombreuses victimes depuis déjà plusieurs années. Le collectif Act up éveille les consciences. On les suit dans leur combat et dans leur amour. "J'ai été militant à Act up pendant cette période", raconte le réalisateur. "Au début des années 90, je pensais faire un film sur le Sida, sur la chape de plomb sur cette épidémie (...) En devenant activiste, j'ai un peu arrêté le cinéma et l'idée même de faire un film sur le sujet. Et c'est plus récemment que j'ai pensé le faire. Je reculais un peu. J'avais peur et puis j'ai arrêté d'avoir peur et je me suis dit qu'il fallait tenter le coup. (...) Act Up existe toujours. il y a des laboratoires sur lesquels il faut faire pression parce que les prix des médicaments sont inacceptables. De vrais combats restent à mener", s'insurge Robin Campillo.

Du côté du palmarès, même si le film a été très bien reçu par la critique, le cinéaste confie qu'il sera stressé quoi qu'il arrive. "Je suis un inquiet. Je serais content d'avoir un prix mais s'il n'y a pas de prix, je n'aurai pas à monter sur scène. L'exposition me fait très peur. J'ai toujours rêvé de faire des films que les gens voyaient en mon absence."

Isabelle Huppert et Matthieu Kassovitz. Les deux acteurs sont à l'affiche de Happy End de Michael Haneke. Si Matthieu Kassovitz est ici comédien, il a pu observer le travail de réalisateur de Michael Haneke, étant lui même cinéaste. "Il dirige en donnant beaucoup de liberté malgré tout. A partir du moment où il a choisi son acteur, je pense qu'il fait confiance. Il a une vision de son film. C'est un réalisateur sans artifices." Isabelle Huppert va même plus loin : "Il ne dirige pas vraiment. Il laisse les acteurs s'emparer de leur personnage. Ce n'est pas 'fais comme ci, fais comme ça'. Les deux comédiens jouent les personnages les moins fragiles d'une famille "sourde et aveugle" au monde alentour. "Tout le monde est indifférent aux autres", décrit Isabelle Huppert. "Haneke n'a jamais été très optimiste. Il a une clairvoyance implacable et un humour féroce."

L'histoire de Matthieu Kassovitz a connu des hauts, le film La Haine acclamé, et des bas, Assassins étrillé, par exemple. "L'intérêt de Cannes, c'est que c'est la vitrine du cinéma mondial. Et aujourd'hui plus qu'avant. Le marché est tellement difficile" que certains réalisateurs ont besoin de Cannes pour exister, souligne l'acteur. "Le spectateur va chercher la facilité. Ici, à Cannes, on trouve des films moins faciles." Isabelle Huppert a très souvent participé à la quinzaine. "Cela reste un endroit privilégié. Il y a une ferveur, une curiosité, donc on peut montrer ce que doit continuer à être le cinéma : des écritures nouvelles, des langages personnels qui ne rentrent pas forcément dans des critères balisés (...) C'est aussi un festival qui renseigne sur toutes les cinématographies du monde."

François Ozon et Marine Vacht, réalisateur et actrice de L'Amant double. Dans ce film, Chloé qui a des maux de ventre, va chez sa gynécologue. Son médecin lui fait comprendre que c'est certainement psychosomatique et lui indique un psychiatre. Ce dernier tombe amoureux d'elle. Les séances s'arrêtent et il va devenir son amant. "L'idée de refaire un film avec François me plaisait beaucoup", indique Marine Vacht qui avait été tourné Jeune et jolie avec le cinéaste. "Avant même de lire le scénario, j'étais déjà presque sure de dire oui." Les scènes osées, de nu, de sexe, ne l'ont pas freinée. "J'avais confiance en lui et c'était un terrain de jeu formidable."

L'histoire de de la duplicité, thème central du film, est venue d'un roman de Joyce Carol Oates qui a beaucoup plu au réalisateur. "J'avais commencé à le développer. Et après Frantz qui était mon film le plus chaste - il y avait à peine un baiser - je me suis dit qu'il fallait que je revienne vers un trucs un peu plus transgressifs. "J'ai pensé à Marine très vite, parce que je l'ai vu grandir. Je l'ai vu devenir femme, avoir un enfant et j'ai trouvé ça intéressant de lui proposer ce rôle."