Festival de Cannes : "Faute d'amour", "Wonderstruck", "Okja" et "120 battements par minute", quatre films à l’épreuve des critiques

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A.D , modifié à
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films, accompagnés de confrères journalistes. Cette semaine, ils commentent depuis Cannes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir en cette semaine spéciale Cannes ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Barbara Théate du Journal du dimanche et Renaud Baronian du Parisien livrent leurs impressions sur quatre films vus au festival de Cannes, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Faute d'amour d'Andreï Zviaguintsev ,Wonderstruck de Todd Haynes, Okja de Bong Joon-ho et 120 battements par minute de Robin Campillo.

  • Faute d'amour d'Andreï Zviaguintsev 

Le pitch : "Un couple se délite. Ils ont un enfant qu'ils détestent tous les deux sur fond d'histoire familiale très plombante. Cet enfant va disparaître, ce qui va encore plus bouleverser leur existence, qu'ils étaient en train de reconstruire chacun de leur côté."

>> L'avis de Barbara Théate : "J'ai trouvé ça à la fois beau et terrible. J'ai été frappé par la maîtrise visuelle et narrative du film qui raconte à la fois la société, la maternité, le sort des enfants. C'est brillant, désespérant, beau."

>> L'avis de Renaud Baronian : "Le réalisateur veut qu'on déteste ses personnages et il y est parfaitement arrivé. Je n'ai jamais vu une telle galerie de gens méprisables. Je les déteste. Je déteste ce film.

>> L'avis de Bruno Cras : "Dans Léviathan du même réalisateur, il y avait plus de propos. Là, le seul propos, c'est une histoire psychologique qu'on a déjà vu cent fois, qui est noire, désespérée, avec une très belle mise en scène, des plans magnifiques. Le public va s’emmerder, le film est austère."

VERDICT : beau mais bof.

  • Wonderstruck de Todd Haynes

Le pitch : "Il y a deux histoires de deux enfants, liées à la surdité. Une petite fille dans les années 20 est sourde et a des problèmes pour communiquer et elle va fuguer. Et un petit garçon, dans les années 70, a un accident qui le prive temporairement de l'ouïe et lui aussi va fuguer. Il y a des parallèles sans arrêt entre les deux époques, avec du noir et blanc, de la couleur."

>> L'avis de Renaud Baronian : "Je suis très partagé. Je n'aime pas la partie années 20, que je trouve plombante. C'est du cinéma muet. J'adore en revanche la partie des années 70, avec la reconstitution ahurissante de New York. Et là, c'est une belle histoire."

>> L'avis de Bruno Cras : "Todd Haynes nous avait habitué à des films magnifiques, très beaux formellement, un peu surannés avec son sens du mélodrame, mais avec un propos. Là, il n'y a aucun propos, si ce n'est un espèce de conte mièvre. Ce n'est pas honteux mais ça n'a aucun intérêt. C'est décevant."

>> L'avis de Barbara Théate : "Je suis tout à fait d'accord. Tout est artificiel. On ne ressent rien."

VERDICT : beau mais bof (encore).

  • Okja de Bong Joon-ho

Le pitch : "Une petite fille vit dans la montagne avec son grand-père et élève un espèce d'animal bizarre entre le porc et l'éléphant. Un monstre gentil. En fait, c'est une multinationale qui a confié ces animaux un peu partout en Corée et dans le monde entier pour les récupérer après et quasiment les amener à l'abattoir. Quand la petite fille voit son animal partir, elle va le suivre."

>> L'avis de Bruno Cras : "C'est très réjouissant, très sympathique. L'action est spectaculaire, je n'ai pas boudé mon plaisir. Il y a des scènes de cascades incroyables. En plus, il y a un propos. C'est un très bon film de détente qui malheureusement ne sortira pas en salles (film Netflix). Mais ce n'est pas un film pour Cannes."

>> L'avis de Barbara Théate : "Il est entre Spielberg et Miyazaki mais c'est raté. Je trouve que la parabole avec les camps de concentration à la fin est un peu exagérée."

>> L'avis de Renaud Baronian : "J'aime beaucoup le super-cochon. Un film qui n'a rien à faire à Cannes ? Je ne suis pas d'accord. Ce que j'aime dans le Festival, c'est que tout les cinémas soient représentés. C'est un film grand public et c'est bien que ce soit là."

VERDICT : Pourquoi pas. A voir (sur Netflix).

  • 120 battements par minute de Robin Campillo

Le pitch : "Vers 1989-1990, le collectif Act Up se bat parce que le sida fait déjà des ravages. Toute le monde est indifférent. Ils font alors des actions spectaculaires pour éveiller les consciences. On suit les actions militantes et les histoires d'amour et les souffrances de ces jeunes gens séropositifs."

>> L'avis de Barbara Théate : "Mon coup de cœur, ma Palme d'or. Ça m'a donné les mêmes émotions que pour La vie d'Adèle, Polisse. Les scènes d'amour ne sont jamais vulgaires. Crues mais très belles."

>> L'avis de Bruno Cras : "C'est bouleversant, il y a des scènes incroyables et sans pathos. Les acteurs sont superbes. Seule réserve : il y a quelques répétitions du côté du militantisme et 2h20, c'est un peu moins accessible en salles."

VERDICT : C'est un oui.

Les films attendus par les critiques dans la suite du Festival

Pour Barbara Théate : Happy End de Michael Haneke "pour peut-être sa troisième palme".

Pour Bruno Cras : You Were Never Really Here de Lynne Ramsay, qui avait présenté We need to talk about Kevin.

Pour Renaud Baronian : In the Fade du cinéaste turc-allemand Fatih Akin , qui parle "d'un sujet très actuel, une femme (Diane Kruger) qui a perdu son mari et son enfant dans un attentat."

Pour Mathieu Charrier : Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthinos qui avait fait The Lobster il y a deux ans. "Ce sont des choses un peu perchées".