Expo Larry Clark : la polémique enfle

© Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London 7.
  • Copié
Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Libération et quelques associations s’insurgent contre son interdiction aux moins de 18 ans.

L’interdiction aux moins de 18 ans de l’exposition du photographe Larry Clark, qui démarre vendredi au Musée d'Art Moderne de Paris, fait de plus en plus réagir. Le journal Libération s’est ainsi insurgé, dans sa Une de jeudi, contre cette "censure", en publiant en pleine page l’une des photos incriminées.

Des photos jugées "pornographiques"

La mairie de Paris a décidé d’interdire cette rétrospective aux mineurs il y a trois semaines. Le motif : certaines photos, des scènes de sexe explicites entres ados ou des jeunes en train de se droguer, ont été jugées "pornographiques". Bertrand Delanoë a en fait appliqué une nouvelle loi votée en 2007, qui rend susceptible de poursuites toute présentation à des mineurs de photographies pouvant avoir un caractère pornographique.

Un argument que ne comprend pas Libération. "Au nom de la loi et des mœurs, Larry Clark ne devra donc pas être vu par ceux à qui il s’adresse : les filles et les garçons de moins de 18 ans", dénonce le journal. "La mairie de Paris prive les mineurs de l'exposition du photographe et cinéaste américain, chroniqueur du monde adolescent, de crainte de plaintes d'associations réactionnaires".

larry-clark_930620

© Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London

"Une attaque contre les adolescents"

Le photographe lui-même a du mal à comprendre cette interdiction. D’autant que certaines des photos exposées ont déjà été montrées à Paris il y a quelques années, sans aucune censure. "Les photos que les avocats ont pointé du doigt ont déjà été exposée en France", se défend Larry Clark dansLibération. "C’est une attaque contre la jeunesse, contre les adolescents. Ces photos sont pour eux, elles sont devenues légendaires. C’est ridicule !".

D’autres associations ont également réagi face à cette interdiction. La Ligue des droits de l'Homme, soutenue par la Ligue de l'enseignement, a ainsi qualifié mardi de "régressif et rétrograde" cette décision.

"Un avertissement aurait suffi"

Du côté des politiques, Ségolène Royal a déclaré sur LCI "qu'un avertissement aux parents aurait suffi", une demande également formulée par Libération. Les Verts parisiens ont quant à eux accusé la ville de "s'autocensurer", dans une lettre ouverte à Bertrand Delanoë.

La mairie de Paris se défend

La mairie de Paris a réagi jeudi, en indiquant qu'elle n'était "pas au-dessus des lois". "Cette disposition n’exclue en rien les oeuvres artistiques ni les institutions culturelles de son champ d’application, qui recouvre les images à caractère violent ou pornographique. Il est de notre devoir de responsables publics d’éviter à la fois un risque d’interdiction judiciaire de l’exposition (sur tout ou partie des oeuvres), ou un risque pénal pour le conservateur du Musée ainsi que pour les commissaires", se défend-elle.

Elle accuse également Libération de ne pas avoir parlé des photos "les plus sensibles" de l'exposition, beaucoup plus sexuellement explicites. "La Ville de Paris revendique son choix de présenter cette exposition de Larry Clark dans des conditions de liberté absolument inédites. Nous assumons de privilégier ainsi la liberté artistique - celle des artistes et de leurs oeuvres - quitte à l’accompagner des mesures de précaution indispensable".