Eric Antoine : "Las Vegas, d'un côté, c'est incroyable, mais d'un autre, ça anéantit l'âme"

© OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP
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A.D
Le magicien vient de triompher dans sa tournée des Zéniths de France et sera la vedette de trois soirées de France 4 en avril. Beaucoup magicien, assez acteur et un peu psy, l'artiste était l'invité d'Isabelle Morizet.
INTERVIEW

Du haut de ses 2,07 mètres, Eric Antoine voit le monde autrement, avec vue sur "le dessus des crânes et les décolletés plongeants". Mais c'est aussi sur scène qu'il le fait voir d'une autre manière, dans ses spectacles de magie empreints de narration et d'humour. Après sa grande tournée dans les Zéniths de France, celui qui est juré dans La France a un incroyable talent sera la vedette de trois soirées en prime time sur France 4. L'artiste s'est livré dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

La psychologie en héritage. La magie, Eric Antoine l'a d'abord exécutée dans sa chambre, en faisant ses tours en autodidacte, surtout quand, l'année de ses 13 ans, il prend 20 centimètres et doit parfois rester allongé. Il avait une autre vocation, le théâtre, mais c'est vers une troisième voie, la psychologie, profession dans laquelle travaillait sa mère et son beau-père, qu'il s'oriente sans réelle conviction, en pensant que "la mission de thérapeute est belle à endosser". Dès 10 ans, il lit Dolto et se retrouve dans l'expression "le complexe du homard" qui décrit la crise d'adolescence, une période "terrible", décrit le magicien : "Ce sont les émois, la sexualité, il y a quelque chose de dramatique dans ses premiers amours ratés, la tragédie totale de la vie, de ce moment-là où on a aucune distance avec rien. La lecture est fantastique, parce qu’elle donne de la distance, des idées de ce que ça pourrait être avant même d’y être", analyse-t-il.

La mis en scène comme premier amour. Avant de se fondre dans la magie, Eric Antoine s'oriente vers le théâtre. "Ce que j’aime dans la mise en scène, c'est que l'on est au croisement entre auteur et acteur. Il y a de l’ombre et le bonheur de la création." Son premier spectacle, La journée d'un magicien, mêle d'ailleurs comédie et magie. Mixant tous ces acquis, le "géant" utilise d'ailleurs "les connaissances de psychothérapie" dans ces spectacles. C'est d'ailleurs dans l'école de théâtre Jacques Lecoq qu'il a rencontré son épouse Calista, Australienne à la formation de danseuse. Pour éviter les relations à distance et les tournées en décalé, son épouse et la mère de ses deux garçons, Raphaël et Ulysse, est devenue son assistante et un personnage à part entière de ses spectacles.

Pas de Las Vegas. Mais hors de la scène, il avoue ne pas faire beaucoup de magie. "Je ne veux pas imposer mon art à mon entourage", dit-il, mais il s’exécute volontiers à la demande de ses fils. Avec 150 dates de tournée, il ne rêve pas de faire une carrière à Las Vegas à la David Coperfield, qui reste pour lui une référence. "Il a vendu plus de billets que Madonna, Michael Jackson et Les Beatles réunis" mais pour lui la ville lumière est loin d'un paradis. "Las Vegas, d'un côté, c'est incroyable, mais d'un autre, ça anéantit l'âme." Un problème pour un magicien psychologue.